Résumé de la 3e partie n Gregor Chan va être nommé maître de l'encens, un grade qui lui donne le droit d'exécuter les personnes condamnées par la triade ... Vous comptez agir comment ? — Je ne sais pas. Nous aviserons. Nous improviserons. En tout cas, une chose est certaine, ce jeu ne peut plus durer très longtemps, il devient beaucoup trop dangereux. Gregor Chan n'insiste pas. A quoi bon épiloguer ? Il fait confiance à son chef et à la police en général. En revanche, il tient à demander des nouvelles de siens. Il est célibataire, bien sûr. Jamais il n'aurait accepté une pareille mission avec une femme et, à plus forte raison, des enfants. Mais il aime savoir ce que deviennent ses parents, ses frères et sœurs, ses amis chers. Le superintendant le renseigne régulièrement et cela l'aide à tenir. — Et chez moi, tout va bien ? — Très bien, Chan. Vous reverrez tout le monde bientôt. Steve Logan ment. Le père de Gregor vient de mourir. Il était déjà malade lorsque son fils a accepté sa mission. Comme celle-ci était rigoureusement secrète, il a cru que Gregor avait effectivement été radié de la police pour trafic et corruption et son désespoir a hâté sa fin. Cela, Steve Logan ne pouvait surtout pas le dire à son subordonné. Trois semaines plus tard, le téléphone sonne dans le bureau du superintendant Steve Logan. C'est Gregor Chan. — C'est fait, chef : je suis maître de l'encens et j'ai reçu ma première mission. — Un meurtre ? — Oui. Il s'agit d'un membre de la Sun Yee, qui tient une boutique d'accessoires de carnaval. L'inspecteur donne une adresse à Mongkok et précise que l'opération aura lieu dans la journée à 17 heures. Le superintendant se contente de déclarer d'une voix calme : — Faites ce qui vous est demandé. Nous nous occupons de tout. 17 heures. Gregor Chan remonte, au volant de sa voiture, la principale artère de Mongkok. Obéissant aux instructions de son supérieur, il fait comme s'il allait exécuter sa mission. Dans la boîte à gants se trouve l'arme que lui a remise Ma-Chi-Chung : un poignard à tête de dragon, l'arme rituelle des meurtres de la triade 14 K. A l'embranchement suivant, il va tourner à droite : c'est là que se trouve le magasin d'articles de carnaval. Que fera-t-il si rien ne se produit d'ici là ? Va-t-il devenir un meurtrier ? Tout en lui s'y refuse. Mais s'il ne s'exécute pas, c'est l'échec de sa mission, sans compter la mort assurée pour lui. L'inspecteur Chan n'a pas le temps de réfléchir davantage. Il y a un bruit épouvantable et il se sent projeté en avant. Puis c'est le noir. Il reprend conscience peu après dans la rue. On est en train de le charger sur une civière. Un médecin, constatant qu'il revient à lui, tient à le rassurer. — Tout va bien. Vous n'avez rien de cassé. — Qu'est-ce qui m'est arrivé ? — Un camion vous est rentré dedans par l'arrière. Un vrai fou ! L'inspecteur ne réplique rien, tandis qu'on l'emmène à l'hôpital, mais il sait que ce «vrai fou» est un policier qui vient, d'une manière aussi efficace que discrète, de lui sauver la vie. Pourtant, ainsi que l'a dit le superintendant Logan, le jeu ne peut plus durer longtemps. Gregor Chan reste hospitalisé quinze jours, durant lesquels Ma-Chi-Chung lui rend visite à deux reprises, s'inquiétant avec beaucoup de chaleur de sa santé et ne nourrissant visiblement pas le moindre soupçon. (à suivre...)