Balbutiements n Le World Wide Web (WWW) ou le réseau mondial Internet a fêté en cette année 2009 ses vingt ans d'existence, mais il est toujours «un bébé», selon ses inventeurs. Personne ne croyait qu'une «simple idée» d'un informaticien, travaillant pour le compte de l'Organisation européenne de recherche nucléaire basée à Genève (Cern) en 1989, allait bouleverser le monde. En effet, Tim Berners-Lee, puisque c'est de lui qu'il s'agit, a remis à son supérieur, il y a vingt ans, une proposition portant sur la création d'un «système de gestion décentralisée de l'information». Son patron a qualifié le projet de «vague, mais de passionnante idée» avant de donner son accord. L'objectif central du projet était de mettre en contact permanent les scientifiques et collaborateurs du monde entier pour qu'ils puissent échanger à distance les informations et les résultats de leurs recherches. Techniquement, le projet consistait en la combinaison des technologies des ordinateurs personnels, des réseaux informatiques et du protocole http afin d'aboutir à un système puissant d'information global. Ce qui est devenu en 1990, le World Wide Web et ses premiers serveurs et navigateurs ont été mis en œuvre dans ce même centre de recherche (Cern). Mais le véritable boom a été l'association du Web à l'Internet qui a été longtemps confiné dans le carcan scientifique et les laboratoires de recherche. En résumé, le Web a permis à l'internet, créé en 1957 aux Etats-Unis, d'être facilement accessible à toute la communauté scientifique du monde. Une année plus tard, en 1991, le Web a été répandu à d'autres centres de recherche, mais toujours limité aux systèmes d'information scientifique, en dépit de la création de navigateurs plus perfectionnés et d'une utilisation facile. En avril 1993, le Cern a annoncé qu'une partie illimitée de ce monde virtuel peu connu, sera ouverte au public, c'est cela qui est considéré par les inventeurs du Web comme «l'acte de naissance du Web pour tous». «Sans cette décision, le Web serait mort», a estimé Berners-Lee, puisque le centre était incapable d'assurer tout seul le développement de cette technologie. Sept mois après cette décision, le National Center for Supercomputing Applications (Ncsa), un centre de recherche aux Etats-Unis, a fait connaître la Toile au grand public grâce au lancement d'un navigateur baptisé Mosaic. Il a été vite suivi par de nombreux autres navigateurs à l'instar de Netscape, Microsoft, Apple, etc. Ainsi, l'idée vague de 1989 est devenue, vingt ans après, une révolution qui ne cesse d'impressionner non seulement les utilisateurs, mais aussi ses inventeurs. «Nous n'avons jamais, au grand jamais, dans l'histoire de l'humanité, eu accès à tant d'informations aussi rapidement et aussi facilement», a indiqué Vinton Cerf, un autre père fondateur d'Internet et l'un des vice-présidents de Google, lors de la célébration de XXe anniversaire du Web à Genève. «Tout ce qu'on dit maintenant, les blogs, etc. c'était ce qu'on faisait en 1990. Il n'y a aucune différence. C'est comme ça qu'on a démarré», a déclaré, pour sa part, Robert Cailliau, un autre co-inventeur du Web avec Berners-Lee. Par ailleurs, les fondateurs de la Toile estiment à l'unanimité qu'elle est encore «un bébé» et «le web que j'ai envisagé n'a pas encore vu le jour. L'avenir est encore beaucoup plus vaste que le passé», a fait remarquer Tim Berners à la même occasion. En outre, «nous aurons plus d'Internet, plus d'usagers, plus d'accès, via la téléphonie mobile, plus de vitesse, plus de contenus en ligne et plus d'appareils domestiques contrôlables par Internet», prévoit Vinton Cerf. Actuellement, le nombre des sites Internet s'élève à plus de 215 millions alors qu'en 1994 ils n'étaient que de 400 sites. Quant aux internautes, ils sont près de 1,6 milliard, soit 23% de la population mondiale. Ce qui explique que l'accès à la nouvelle technologie demeure toujours difficile dans plusieurs parties du monde.