Infiltration n Les services de renseignements libanais ont démantelé plusieurs cellules, travaillant au profit d'Israël. Un boucher, un vendeur de téléphones portables et un général à la retraite ont été inculpés pour espionnage ces derniers mois après trois ans d'enquête menée par les services de renseignements libanais. L'enquête s'est accélérée en avril lorsque les services de sécurité ont surpris un réseau tentant de s'infiltrer au sein du puissant dispositif de sécurité du Hezbollah chiite, engagé en 2006 dans une guerre destructrice contre Israël. Craignant une opération israélienne imminente contre le Hezbollah, les renseignements ont alerté le parti chiite, puis les autorités ont démantelé les différentes cellules présumées. «Les suspects arrêtés faisaient partie de différents réseaux, chacun formé de trois personnes au maximum, et n'étaient pas connectés entre eux», affirme le général Achraf Rifi, chef des Forces de sécurité intérieure. «C'est la découverte d'un secret technologique qui nous a permis de reconstituer le puzzle», ajoute-t-il. Les agents présumés, dont la mission était de rassembler des informations sur des positions du Hezbollah, mais également sur des groupes palestiniens et des militaires libanais, communiquaient avec leurs supérieurs israéliens par satellite ou des messages informatiques codés. Ils utilisaient des gadgets sophistiqués, dont certains étaient cachés dans des glacières ou des chargeurs de batterie de voiture. Beaucoup d'entre eux voyageaient à Paris, en Turquie, en Hongrie ou ailleurs, pour communiquer leurs informations. Tous se rendaient au moins une fois en Israël avec des passeports falsifiés, pour être «formés». «L'un des détenus nous a dit que les Israéliens lui donnaient rendez-vous à la frontière, où ils le guidaient à travers les mines dans cette zone, à l'aller et au retour», explique le général Rifi. L'officier souligne qu'Israël a recruté la plupart de ces agents dans les années 1980 et 1990, durant les 22 années d'occupation du sud du Liban qui a pris fin en 2000. «Ils utilisaient de belles femmes, de l'argent et d'autres moyens pour les prendre au piège», dit-il. «Ils les récompensaient grassement pour leur première mission, entre 5 000 et 7 000 dollars. Après, Israël réduisait le montant de manière drastique et menaçait de les démasquer s'ils ne coopéraient plus.» «Les familles et les amis de la plupart des agents ignoraient tout de leurs activités», explique le général Rifi. Un suspect arrêté la semaine dernière, Nasser Nader, propriétaire d'un magasin de téléphones portables à Jounieh, au nord de Beyrouth, aurait été recruté grâce à une Libanaise qui l'a séduit. En avril, l'ex-général à la Sûreté générale, Adib al-Alam, a reconnu avoir travaillé pour le compte d'Israël pendant plus de 15 ans. Selon M. Rifi, cet ancien général a senti à un moment qu'il était surveillé. Il a alors envoyé un message aux Israéliens qui l'ont rassuré. Le Liban est encore techniquement en guerre avec Israël. L'agent démasqué encourt la prison à vie. Si cette collaboration cause la mort, il est condamné à la peine capitale.