Débat n «Le théâtre arabe et la cause palestinienne» est le thème du colloque qui se tient, depuis hier, au complexe culturel Laâdi-Flici. Initié en marge du Festival national du théâtre professionnel, le colloque qui prend fin demain, est animé par nombre de chercheurs, universitaires et dramaturges tant arabes qu'algériens. Il se veut un relevé de la production théâtrale ayant abordé la cause palestinienne. Ferhan Boulboul, chercheur et universitaire syrien, dira : «Le théâtre arabe s'est intéressé et s'est occupé de la cause palestinienne depuis la Nekba, notamment dans les pays limitrophes de la Palestine, tels que la Syrie et la Jordanie.» «La cause palestinienne s'est associée aux révolutions arabes dans les pays encore sous le joug colonial, à l'exemple de l'Algérie, du Maroc ou de la Tunisie», fait-il savoir. Et de poursuivre : «Et lorsque les pays arabes ont obtenu leur indépendance, le théâtre s'est pleinement préoccupé de la réalité palestinienne.» «Ce travail est axé sur deux points : représenter la lutte palestinienne dans les territoires occupés et la relation des pays arabes à la cause palestinienne», explique-t-il. Le Syrien Anouar Mohamed a, pour sa part, expliqué que le théâtre officiel ne s'est pas intéressé à la cause palestinienne. «Il se trouve que des dramaturges, tels que Saâd Allah Ouanous, Alfred Faradj et bien d'autres encore, ont pris la responsabilité de traiter la cause palestinienne dans leur travail théâtral. Ils ont présenté diverses créations dont nombre d'entre elles ont suscité de vives réactions de la part des gouvernants», souligne-t-il. Anouar Mohamed déclare que la cause palestinienne continue, et ce, jusqu'à présent, à constituer le centre d'intérêt des dramaturges arabes. Toutefois, cet avis reste mitigé. Farhan Boulboul estime qu'aujourd'hui le théâtre, hormis quelques dramaturges engagés, s'est désintéressé depuis une dizaine d'années des souffrances du peuple palestinien et de son désir de recouvrer sa liberté et sa souveraineté. Qu'en est-il de l'expérience algérienne ? «Le théâtre algérien peut se considérer comme le théâtre arabe, qui s'intéresse le plus à la cause palestinienne», dira Hacen Tlilali, critique et universitaire, ajoutant : «C'est parce que le théâtre algérien est né dans un contexte colonial qu'il s'est engagé à aborder les souffrances du peuple palestinien et à militer pour sa cause tout comme il a travaillé pour la cause algérienne.» «La première pièce algérienne abordant la cause palestinienne a été écrite par Ahmed Tewfik El-Madani. Ayant pour titre Hannibal, elle a été écrite en 1948, au lendemain de la Nekba», rappelle-t-il. Hacen Tlilali, pour qui la Révolution algérienne se révèle un modèle pour la cause palestinienne, a, en outre, indiqué que «dès 1962, la cause palestinienne commençait à être abordée par le théâtre et jouée sur les planches». L'une des célèbres pièces jouées est Galou Laârab Galou, écrite par M'hamed Benguettaf et mise en scène par Ziani Cherif Ayad. D'autres pièces ont été écrites et publiées, telles que A la recherche du soleil, écrite en 1994, par Azeddine Djlaoudji, ou encore L'Aube de Salah Lmbarkia, écrite en 2006. Ainsi, depuis toujours, et ce, au lendemain de la Nekba, le théâtre algérien, soucieux de la réalité palestinienne, s'est occupé à dire la Palestine, en s'engageant manifestement à militer pour les droits du peuple palestinien. Un engagement qui se fait avec conviction pour une cause indéniablement juste.