En Egypte aussi, la science des rêves a tenu une place importante. Les pharaons ainsi que les notables entretenaient toute une armée d'interprètes. Il existait aussi de nombreuses clefs des songes dont des extraits nous sont parvenus. L'un des textes les plus connus est le papyrus Chester Beatty III que l'on fait remonter à l'époque de Ramsès, mais qui pourrait bien être du Moyen-Empire (2000 à 1785 avant J.-C). ce texte donne une liste d'interprétations relatives à plusieurs symboles oniriques. En voici quelques exemples : «Si un homme se voit en rêve, observant un serpent, c'est un bon signe, cela signifie provision. La bouche pleine de terre : c'est manger les biens de ses concitoyens. Mangeant de la viande d'âne : c'est bon signe car cela signifie sa promotion. Son lit prenant feu : mauvais car cela signifie le rapt de sa femme. Regardant dans un puits : mauvais, il sera mis en prison. Prenant feu : mauvais, il sera massacré, etc.» Si certaines interprétations peuvent nous paraître bizarres, elles correspondaient pourtant aux préoccupations des Egyptiens de l'époque. Dans la plupart des temples égyptiens, il y avait des salles aménagées réservées à l'interprétation des rêves. On y pratiquait aussi – comme ce sera le cas, en Grèce – l'incubation qui consistait à poser au dieu des questions écrites et on passait la nuit sur place pour attendre le rêve qui apporterait les réponses.