L'Egypte ancienne accorda au rêve une grande attention, élaborant de nombreuses clefs des songes et entretenant toute une armée d'interprètes chargés d'expliquer le sens des images nocturnes. Les traités de rêves ont dû être nombreux et anciens, mais on n'en retrouve que des fragments. L'un des textes les plus connus, le papyrus Chester Beatty III, donne un exemple caractéristique de ce que fut la technique d'interprétation des anciens Egyptiens. Le texte, écrit dans un style lapidaire énumère, sous forme de listes, les éléments apparaissant dans les rêves et leur interprétation. Voici quelques extraits qui ne manqueront pas de frapper le lecteur par leur étrangeté. - Si un homme voit en rêve un serpent : bon, cela signifie provision. - La bouche pleine de terre : c'est manger (les biens de ses concitoyens). - Mangeant de la viande d'âne : cela signifie sa promotion - Coulant une vache : c'est l'absolution de tous ses maux - Copulant avec une gerboise : mauvais, cela signifie que des tracas naîtront sur sa route - Son lit prenant feu : mauvais, cela signifie rapt de sa prison - Regardant dans un puits : mauvais, il sera mis en prison - Prenant feu, il sera massacré. Ces rêves et leur interprétation peuvent nous paraître bizarre, mais ils traduisaient certainement les préoccupations quotidienne des Egyptiens, désir de s'enrichir, promotion sociale, crainte du péché, questions sexuelles. Les clefs des songes étaient surtout destinées aux onirocrites professionnels et aux riches amateurs. Le commun des mortels devait s'adresser aux prêtres ou aux interprètes laïcs qui étaient très nombreux. Dans la plupart des temples égyptiens, des salles spéciales étaient réservées à l'interprétation des rêves. On y pratiquait également l'incubation : on posait au dieu des questions écrites et on passait la nuit sur place à attendre le rêve qui apportait les réponses.