Un papyrus décrit ainsi au visiteur la technique à suivre pour obtenir l'apparition en rêve du dieu Bès dans le temple d'Abydos. “Tu te rends en une pièce sombre et propre dont la façade s'ouvre sur le sud, et tu la purifies avec de l'eau additionnée. Puis, tu prends une lampe blanche, neuve, en laquelle n'entre ni terre rouge ni eau de gomme, et tu y introduis une mèche propre et tu l'emplis de vraie huile, après avoir, au préalable écrit ton nom et des figures sur la mèche, avec une encre additionnée de myrrhe. Et tu poses cette lampe sur une brique neuve, devant toi, après avoir saupoudré le sol sous elle, de sable ; et tu prononces ces formules au-dessus de la lampe, en les répétant jusqu'à sept fois. Tu répands l'encens devant la lampe et tu regardes la lampe, quand tu aperçois le dieu, au voisinage de la lampe, tu t'étends sur une natte de roseau sans adresser la parole à qui que ce soit. Alors le dieu te répond en rêve”. En Egypte, comme dans tout l'Orient antique, l'incubation avait surtout des fins thérapeutiques. On consultait les dieux pour établir un diagnostic médical ou obtenir un moyen de guérison. Le dieu guérisseur Imhotep, qui avait la réputation d'opérer des miracles, était particulièrement sollicité. Les sanatoriums rattachés à ses sanctuaires étaient assaillis par des centaines de malades à la recherche de remèdes peu coûteux mais efficaces. Un papyrus nous apprend qu'un scribe avait été chargé de traduire en grec la liste des miracles du dieu, mais comme il était occupé à d'autres affaires, il laissa son travail traîner en longueur. Imphotep se vengea en infligeant à la mère du scribe une fièvre quarte. Peu après, il lui apparut en songe et lui indiqua un remède. Mais l'avertissement n'ayant pas été compris, c'est au tour du scribe de tomber malade. Il lui apparut bientôt en rêve, portant un livre à la main, comme engagements. Le scribe se mit au travail et les maux cessèrent immédiatement. Ces récits produits sur les papyrus et les stèles durent impressionner considérablement les Egyptiens et leur imposer la crainte de l'au-delà. D'ailleurs, l'un des objectifs avoués de l'oniromancie égyptienne était de servir d'intermédiaire entre les hommes et les divinités ! (À suivre)