Scrutin n Le mouvement que dirige Hassan Nasrallah, pro-iranien, soutenu par le chrétien Michel Aoun pourrait remporter les élections législatives au Liban contre la majorité de la coalition appuyée par l'Occident. A trois jours des échéances législatives au Liban programmées pour dimanche prochain, la campagne bat son plein. Le Hezbollah et ses alliés accusent la majorité parlementaire anti-syrienne sortante de promouvoir «le projet américain au Liban», tandis que cette dernière met en garde contre «l'emprise iranienne» sur le pays en cas de victoire du camp rival. Le scrutin oppose la majorité parlementaire menée par la formation sunnite de Saâd Hariri et soutenue par Washington et Riyad, à l'alliance minoritaire conduite par le Hezbollah et appuyée par Damas et Téhéran. Parmi les principaux sujets qui divisent les deux concurrents figure la question épineuse de l'arsenal du Hezbollah qui estime nécessaire de le conserver pour protéger le pays contre une éventuelle attaque israélienne. La majorité l'accuse de faire le jeu de l'Iran et de la Syrie et insiste pour que l'Etat ait le monopole des armes. Le parti, qui a mené une guerre dévastatrice contre Israël en 2006, assure avoir reçu des assurances du Fonds monétaire international et de l'Union européenne sur une reconnaissance du résultat des élections, quel qu'il soit. L'atout du Hezbollah, selon les analystes, est le chrétien Michel Aoun. Cet ancien chef de gouvernement à la fin de la guerre civile (1975-1990), jouit d'une grande popularité auprès des chrétiens et a permis au mouvement chiite d'élargir son audience. Mais, selon les experts, malgré les craintes de l'Occident d'une victoire du Hezbollah, classé comme groupe terroriste par Washington, le camp vainqueur devra négocier avec l'adversaire en raison du système complexe de partage des pouvoirs. «Au Liban, il faut le consensus, des négociations et des gouvernements de coalition, personne ne peut gouverner seul», affirme Joseph Alagha, professeur d'études islamiques. «Une victoire du Hezbollah sera plutôt symbolique», affirme-t-il. Un peu plus de 3,2 millions de Libanais sont convoqués à ces élections. Beaucoup sont des expatriés qui doivent faire le déplacement au Liban, la loi électorale ne prévoyant pas le vote à l'étranger. Les électeurs doivent choisir 128 députés parmi les 587 candidats, répartis à parité entre chrétiens et musulmans pour un mandat de quatre ans. Chaque communauté religieuse se voit attribuer un nombre de sièges dans les 26 circonscriptions en fonction de son poids démographique. Les députés sont choisis par l'électorat en vertu d'un système de vote à la majorité simple. La plupart des pronostics indiquent que l'issue du scrutin est incertaine. Avec un découpage électoral empêchant une victoire massive de l'un des deux camps, le vote se jouera sur quelques sièges, notamment dans les régions chrétiennes où les électeurs sont divisés entre les deux parties. Les élections se déroulent en présence de plus de 200 observateurs étrangers, 50 000 soldats et policiers seront déployés à travers le pays.