Misère n Près de 5 000 personnes occupent les chalets du site Guedouari «Onaco», sis dans la localité de Corso, depuis la fin du mois de mai 2003. Le site compte 763 chalets de 36 mètres chacun. Des chalets qui connaissent une dégradation avancée, ce qui rend le quotidien des sinistrés plus amer. Des conditions lamentables et horribles qui rappellent aux habitants leur situation de sinistrés. «Cette misère nous rappelle toujours le drame de mai 2003. Si nous étions morts, cela aurait été mieux pour nous !», tonne, exaspérée, une femme habitant ce site. Son chalet se trouve dans un état de dégradation avancée et n'est plus valable pour une vie humaine. Le sol est percé de toutes parts, permettant aux rats et autres animaux dangereux d'y accéder librement. Avec l'arrivée de l'été, la pauvre femme craint que son chalet soit envahi par les serpents et les scorpions. «Si nous continuons à vivre dans cette misère, je suis certaine que je n'aurai pas une mort naturelle. Mais qui se soucie de notre calvaire ?», dit-elle, agacée. Notre interlocutrice a été contrainte de solliciter des âmes charitables pour acquérir le carrelage afin de réhabiliter, un tant soit peu, le sol de son chalet. Mais beaucoup reste à faire et elle est même menacée d'une blessure grave si jamais elle met son pied dans le vide. «Ma fille a déjà eu une fracture et elle n'est pas encore totalement rétablie», raconte-t-elle, sur un ton d'amertume. Le chalet de Aâmi Rabah n'est pas épargné par la détérioration. Il dit craindre surtout pour la vie de sa petite-fille. «Les autorités attendent-elles qu'il y ait des victimes pour reloger les sinistrés du séisme ?», ironise-t-il, faisant allusion aux promesses non tenues des autorités publiques. A cause de l'exiguïté des chalets, la plupart des habitants ont été contraints de procéder à des «extensions». Des murs en parpaing et des dalles de fortune ont été réalisés afin de «se débrouiller» une chambre ou une cuisine en plus. Ce site est aussi devenu une poche de fléaux sociaux tels que la prostitution et la consommation de drogue. «Certains chalets sont devenus des lieux de débauche et des clients y viennent des différents coins du pays. Plusieurs crimes ont eu lieu ici et les fléaux sociaux prennent des proportions alarmantes», affirme Aâmi Rabah, membre du comité de quartier. Les habitants de ce site sont aussi menacés par le passage de la ligne ferroviaire électrifiée Alger-Thénia. Ils sont obligés de traverser les rails pour rejoindre leurs lieux de travail ou les écoles. Le danger les guette à tout instant. «Il y a eu déjà des victimes et si on ne nous reloge pas dans les meilleurs délais, il faut s'attendre à une catastrophe : en été les enfants seront en vacances et il est difficile de les contrôler», affirme un jeune qui dit avoir failli être la première victime du train rapide.