Constat n Des habitants nomades et des régions éparses de cette wilaya continuent, pour se prémunir contre les morsures mortelles des scorpions, à recourir à des méthodes curatives qui ne font pas toujours l'unanimité. Occupant des vastes étendues de la wilaya, lieu de prolifération du scorpion, les habitants n'hésitent pas à recourir à l'utilisation de produits prophylactiques et curatifs traditionnels, parfois voués à l'échec, pour le traitement des piqûres mortelles de cet insecte. Entre autres méthodes thérapeutiques préconisées par les bédouins du sud de la wilaya, le recours à hadjra souda (pierre noire) comme pansement contre la piqûre scorpionnique et aux plantes médicinales à l'instar du remth (Arthrophytum scoparium) et el-heltit (Ferula communis ou Ferula assa-foetida) la férule commune, à laquelle on attribue un rôle de désintoxication en cas de morsure. D'autres régions recourent au traitement, toujours par la médecine dite alternative, par l'utilisation d'une mixture de beurre pur de cheptel ajouté aux plantes de thym (zaâtar) et de la genièvre (araâr), dont le goût âpre empêche la circulation du venin, ainsi que l'utilisation du gaz butane à l'endroit de la morsure pour la coagulation du venin. Toutefois, cette dernière méthode s'avère parfois inopérante une fois la température normale du corps redevenue stationnaire, selon des spécialistes. Ces plantes sont disponibles grâce à la cueillette effectuée par des horticulteurs et aux vendeurs ambulants, fortement sollicités par bon nombre de citoyens des régions enclavées en quête de «potions magiques» pour se prémunir contre le venin scorpionnique. El-Hadj Mohamed El-Gourari, originaire de Tiout, 88 km au sud-est du chef-lieu de la wilaya, a signalé, pour sa part, que des villageois, victimes de morsures scorponniques, se sont rendus chez des tolba (enseignants coraniques), des chouyoukh des zaouïas pour une guérison par rokia (exorcisme), une méthode, soutient-il, qui, à moult reprises, leur a permis de se «relever» d'une morsure scorpionnique. La lecture de versets coraniques suffit, renchérit El-Hadj El-Gourari, pour «débarrasser» la victime du venin. De son côté, M. Benyamina, éleveur et herboriste ambulant de la région d'Asla, a évoqué les «vertus» de l'usage d'animaux prédateurs, dont le hérisson, pour lutter contre la prolifération de l'insecte venimeux. Pour le Dr Ghafari El-Mejdoub, spécialiste en toxicologie, le recours à ce genre de guérison traditionnelle est aléatoire. Selon lui, l'utilisation des plantes médicinales dans le traitement de l'envenimation scorpionnique peut être dangereuse. «Cette culture ancestrale de traitement n'est pas le résultat d'une étude dans un laboratoire d'analyses, elle constitue un patrimoine immatériel oral qui peut, en mauvais usage, avoir des effets secondaires et des complications parfois mortelles», a-t-il prévenu.