Date Le 18 août 1994, la wilaya de Mascara est secouée par un violent séisme d?une magnitude de 5,6 sur l?échelle de Richter. Le bilan de ce désastre est de 172 morts et autant de blessés, dont certains sont handicapés à vie et des milliers de sans abri. L?épicentre de cette catastrophe naturelle a été enregistré dans la localité de Hacine. Dix ans après, des signes évidents restent perceptibles dans cette région, dont la population garde encore des séquelles sur le double plan moral et physique. Si dans le domaine de la reconstruction de la zone sinistrée, l?opération est clôturée depuis 1999, les familles des victimes n?ont, à ce jour, toujours pas été indemnisées puisque aucune décision n?a été prise à ce sujet par les instances gouvernementales, à l?instar des victimes des inondations de Bab el-Oued. Les revendications, somme toute légitimes des familles des victimes, n?ont trouvé aucun écho favorable ; toutes les portes leur ont été fermées. B. Hadj a perdu deux enfants lors de cette catastrophe à la suite de l?effondrement de son logement : «En dépit de mes multiples démarches et autres requêtes, je n?ai perçu aucune indemnisation. Pour détourner notre attention, les responsables locaux affichaient leur compassion en nous assistant psychologiquement. Pour nous faire taire, ils nous favorisaient dans la distribution des denrées alimentaires sans plus. Mes deux enfants sont morts sous mes yeux et le souvenir de ces scènes ne me quitte plus. Certes, c?est la volonté de Dieu, mais l?Etat a le devoir de nous accorder le minimum en matière de capital-décès. Ce sont des êtres humains qui ont disparu et ils méritent un certain égard.» Mohamed Bettahar, commerçant de son état, a perdu une fille lors de ce séisme : «Au début, j?étais partagé entre la satisfaction d?avoir survécu avec mon épouse et mes autres enfants et la douleur engendrée par la perte cruelle de ma fille. En dépit de ma situation de sinistré, je n?ai bénéficié d?aucun avantage. Même pas une tente pour nous abriter. Quant à la distribution des denrées, j?étais tellement affligé par le deuil qui me frappait que je ne pouvais réclamer ma ration. Les formalités administratives ont été remplies, mais je n?ai rien reçu en contrepartie. Ni capital décès, ni logement évolutif ni autre avantage en guise de consolation.» Pour Ahmed B., la situation est identique : «A vrai dire, dans de telles circonstances, il est difficile pour un père de famille qui a perdu son enfant de penser à une indemnisation car tout l?or du monde ne peut remplacer un être cher. Néanmoins, nul ne dédaignerait le montant, quel qu?il soit, du capital décès si l?Etat avait fait ce geste.» Pour avoir été victimes du séisme du 18 août 1994, les sinistrés de la wilaya de Mascara mesurent à sa juste valeur la douleur ressentie par les victimes des inondations d?Alger et du séisme de Boumerdès et compatissent à leur malheur. Pour les familles des 172 victimes, le fait d?évoquer ces drames suffit à remuer le couteau dans la plaie.