Moralité n Le lion, humilié, se retire. Le lendemain, il guette la fille et lui coupe la route. Dès qu'elle le voit, elle lui sourit. Nous achèverons cette série de contes tlemcéniens par l'apologue du lion et de la fillette, que nous retrouvons dans d'autres régions d'Algérie, en Kabylie, dans les Aurès, à Tiaret et dans d'autres régions. L'histoire connaît quelques variations, mais la moralité est partout la même. On raconte qu'une fillette, abandonnée par sa famille, a été recueillie par un lion qui l'a élevée. Devenue grande, il l'emmène et la dépose devant l'entrée d'un village. — Maintenant, lui dit-il, tu peux te débrouiller toute seule, je te laisse en compagnie de tes semblables ! — Je n'oublierai jamais ce que tu as fait pour moi ! — C'est vrai que tu t'en souviendras ? — Tant que je serai de ce monde ! Il la laisse et s'en va. La fillette entre dans le village où une famille l'accueille. Les jours passent et la fillette grandit. Un jour, en passant devant le village, le lion se rappelle la fille qu'il a élevée autrefois. Il la voit à la fontaine en compagnie d'autres femmes, il s'approche et écoute leur conversation. — Toi qui as vécu avec un lion, dis-nous comment il était avec toi ! — C'était une bête très brave, je n'ai jamais manqué de rien ! — Il te nourrissait ? — J'avais toujours les meilleurs morceaux… Puis une femme pose une question. — Ce lion, n'avait-il pas de défaut ? — Oh si ! — Et quel était-il ? — Il puait de la bouche ! Le lion, humilié, se retire. Le lendemain, il guette la fille et lui barre la route. Dès qu'elle le voit, elle lui sourit. — J'ai beaucoup de plaisir à te revoir ! — Vraiment ? dit le lion. — Oui, dit-elle, je n'oublie pas que tu m'as élevée et choyée ! — Tu t'en souviens vraiment ? — Je ne l'oublierai jamais ! — Alors, prends une pierre et frappe-moi au front ! La fillette est surprise. — Te frapper ? mais je n'oserai pas ! — Frappe, je te dis ! — Je ne peux pas ! Le lion rugit. — Si tu n'obéis pas, je te dévore ! En tremblant, elle prend une pierre et le frappe au front. — Tu m'as blessé, mais ma blessure guérira, en revanche les mauvais propos que tu as dits à mon sujet, ne guériront pas ! Il lui saute dessus et la dévore. (à suivre...)