La situation est tellement tendue que la fédération anglaise a demandé, hier, le report de cette élection. Ajoutant à cela les menaces de boycott de ce congrès lancées par certains membres de la Confédération asiatique qui veulent, par ce geste, exprimer leur soutien au Qatari Bin Hammam, qui était candidat à la présidence de la Fifa avant de se retirer il y a de cela trois jours. La planète football va mal. Très mal même. Il est pratiquement sûr que cette élection ne sera pas reportée, comme le souhaite la fédération anglaise, dont le président a indiqué d'ailleurs qu'il s'abstiendrait de voter et que Blatter sera reconduit. Il est également clair que certaines parties, en lançant des accusations de corruption ou autre, ne veulent en fin de compte que prendre une «revanche» sur des personnes qu'ils jugent responsables de leur élimination de la course pour l'organisation des mondiaux 2018 et 2022 attribués respectivement à la Russie et au Qatar. Il s'agit principalement de l'Angleterre, pour 2018, et de l'Australie, pour 2022. Ces deux pays ont vécu leur élimination comme une «humiliation». Mais le fait est que la multiplication de ces accusations de corruption renseigne sur le fonctionnement d'une instance décriée depuis plusieurs années déjà. A ce titre, il est sans rappeler la polémique qui a suivi la sortie, en 2006, du livre du journaliste britannique Andrew Jennings, intitulé Carton rouge ! : Les dessous troublants de la FIFA. Celui-ci avait évoqué déjà à l'époque ces pratiques. En tout état de cause, Blatter va inéluctablement arracher aujourd'hui un quatrième mandat. Seul en course, ses opposants, qui peuvent éventuellement se compter parmi les membres de la Confédération asiatique en plus de l'Australie et de l'Angleterre, ne constitueraient nullement une majorité. Mais ce sera le mandat de trop. Les choses ne vont certainement pas s'arrêter là. Et ce n'est pas son programme «Tolérance zéro» contre la corruption qui va apaiser les esprits. Le Suisse est à la tête de la Fifa depuis 1998. Si celui-ci a le «mérite» d'avoir pesé de tout son poids pour «ramener» la Coupe du monde en Afrique, il est également «responsable» des déviations ou dérives financières de l'instance internationale ou de quelques-uns de ses membres, ne serait-ce que par l'absence de réactions adéquates de sa part. En dernier lieu, il est utile de rappeler que Mohammed Bin Hammam, président de la Confédération asiatique, s'était porté candidat à l'élection de la présidence de la Fifa, avant de retirer sa candidature, dans la nuit de samedi à dimanche dernier. Le lendemain, il a été suspendu «le temps d'une enquête interne de la Fifa» par le comité d'éthique, «sur une fraude présumée liée au scrutin». En d'autres termes, Bin Hammam ne pourra même pas participer au scrutin d'aujourd'hui, à moins que sa suspension soit levée à la dernière minute. La même suspension a été prononcée à l'endroit du président de la Concacaf (Confédération de football d'Amérique du Nord et centrale), Jack Warner. Ces deux personnalités sont accusées d'avoir offert des «cadeaux» à des fédérations en échange de leurs «voix» lors du congrès de la Fifa. Entre temps, Bin Hammam et Warner ne se laissent pas faire en multipliant les accusations à l'endroit de Blatter ou même de Jérôme Valcke, le secrétaire général de la Fifa. Election classique ou par acclamation ? Le congrès de la Fifa à Zurich doit élire aujourd'hui son président : comme il ne reste plus qu'un seul candidat en lice, Joseph Blatter, président sortant, se pose la question de l'élection avec vote classique ou par acclamation, prévue dans les statuts. Qui vote ? En théorie, chacune des 208 fédérations qui composent la Fifa dispose d'une voix et vote. Mais cette année, seules 205 fédérations vont voter. Un règlement stipule qu'une fédération qui n'a pas participé à deux compétitions sous l'égide de la Fifa dans les quatre dernières années ne peut pas voter. C'est le cas de trois petites fédérations, Brunei, Sao Tomé et Montserrat. Comment se passe le vote ? Si le vote classique est décidé, 2/3 des votes sont exigés au premier tour pour la majorité. La majorité absolue est nécessaire au second tour. M. Blatter est sûr d'être élu. L'intérêt d'un vote avec un seul candidat est de savoir si le nombre des opposants grandit ou pas. Qu'est-ce que l'acclamation ? Il est prévu, dans les statuts de la Fifa, comme dans ceux de l'UEFA, que, lorsqu'il y a un seul candidat, le vote puisse se faire par acclamation, c'est-à-dire applaudissements des membres du congrès. Cette procédure est proposée aux membres du congrès, qui rassemble les 208 fédérations. C'est de cette façon que Blatter avait été réélu il y a quatre ans. Et plus récemment, c'est comme cela qu'a été aussi réélu en mars dernier à Paris Michel Platini, président de l'UEFA. Cette procédure devrait être privilégiée