La communauté musulmane de France se réunit, dès demain, à Lille dans le Nord de l'Hexagone, en Congrès pour discuter des problèmes qu'elle rencontre. Selon un membre d'une association algérienne à Paris, cette rencontre permettra aux associations musulmanes de discuter de leurs problèmes, de leur avenir et surtout de se présenter en alternative au débat lancé par la Droite français au pouvoir sur l'Islam en France. Cette occasion sera saisie, selon notre interlocuteur, par les associations algériennes afin de se rencontrer et de se rassembler. «Nous avons l'ambition de rassembler la communauté algérienne, notamment dans son volet cultuel», a affirmé ce responsable, contacté hier par téléphone. Il s'agit, selon lui, de soutenir l'action de la Mosquée de Paris dans ses efforts de rassembler une communauté qui a déjà souffert des affres de la division et des dissensions. Pour la première fois depuis l'indépendance, cette rencontre verra la présence de plusieurs associations cultuelles algériennes de plusieurs autres pays d'Europe. «La rencontre aura une dimension européenne», selon notre interlocuteur qui se félicite de ce rapprochement entre les membres de notre communauté. Il faut dire que la Mosquée de Paris a commencé à subir des pressions depuis plusieurs années de la part d'associations proches d'autres pays, notamment le Maroc et certains pays du Golfe. Ces derniers tentent, avec tous les moyens, d'exercer leur contrôle sur l'activité cultuelle, culturelle, et parfois même politique, sur la communauté musulmane de France, évaluée à près de 5 millions d'individus, dont une majorité d'Algériens. Gérée par Dalil Boubekeur, d'origine algérienne, la mosquée de Paris est la première institution musulmane de France. Elle perdu tout contrôle –ou presque- sur les associations et lieux de culte gérés par les Algériens. «Nous avons rétabli le crédit de cette mosquée au sein de notre communauté», témoigne un membre de l'association qui gère la mosquée, contacté par téléphone. Selon lui, les malentendus ont été levés. La mosquée de Paris entend servir de passerelle entre les membres de la communauté algérienne en France. Elle va aider et contrôler plusieurs autres associations de l'Hexagone pour les encadrer, mais également pour faire barrage «à tous les extrémistes» qui tentent souvent de récupérer ces lieux de culte. Malgré sa forte communauté en France, l'Algérie ne contrôle plus que la mosquée de Paris, qu'elle finance en partie. Le conseil français pour le culte musulman, crée en 2005 par Nicolas Sarkozy, est contrôlé par des dirigeants d'origine marocaine. Ces derniers maitrisent également des centaines de lieux de culte et approvisionnent les mosquées en imams. Outre l'aide qu'elle apporte à l'association de la mosquée de Paris, l'Algérie forme et envoie des imams en France, notamment à l'occasion du mois de Ramadhan. Dernièrement, le ministre délégué chargé de la communauté nationale à l'étranger, Halim Benatallah avait gelé l'aide de 10 millions d'Euros que l'Algérie devait donner pour la construction de la grande mosquée de Marseille, au sud de la France. Cette décision a été prise suite à l'apparition de zones d'ombres dans la gestion de ce chantier. A préciser qu'en vertu de la Loi de 1901 séparant la religion de l'Etat, la France ne subventionne pas directement les lieux de culte. Le financement se fait à partir de donations d'Etats étrangers ou de fidèles. Les municipalités se limitent, le plus souvent, à l'attribution de permis de construire.