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«Face au déficit, la saison estivale s'annonce difficile pour la wilaya de Sidi Bel Abbès» Lattab Abdelkader, directeur de l'hydraulique de Sidi Bel Abbès, déclare :
Entretien réalisé par notre envoyé spécial à Sidi Bel Abbès Mohamed Medjahdi LA TRIBUNE : Quel est l'état des lieux de votre secteur ? M. Lattab Abdelkader : Il est vrai que la situation est inquiétante, puisque le déficit en eau est important. L'arrêt de l'exploitation du barrage de sidi Abdelli, actuellement à sec, le déficit en pluie (133 mm), ainsi que la baisse du niveau des nappes phréatiques actuellement 25 litres/seconde, alors que dans le passé les forages, dont la majorité étaient localisés à Thénira, produisaient jusqu'à 120 l/s, sont des facteurs qui nous poussent à alimenter la région à raison d'un jour sur deux, parfois d'un jour sur trois, pour une durée allant entre 4 et 6 heures. Avec un tel volume, on ne peut pas répondre à une crise… Quelles sont les causes du déficit ? Sans parler des besoins normaux, de l'ordre de 82 000 mètres cubes par jour, alors que la demande réelle est de 120 000 m3, Sidi Bel Abbès n'est alimentée que de 56 000 mètres cubes par jour, dont 20 000 m3 provenant de Bouhanifia, Beni Bahdel, Zouïa et chorfa, et le reste, soit 36 000 m3, des 80 forages en exploitation. Le problème se situe dans la station de traitement de sidi Abdelli, avec son réseau vétuste et le bassin à sec. Quelles actions a-t-on menées pour lutter contre les déperditions, et y a-t-il du nouveau sur le plan du stockage ? Nous avons mené des actions de rénovation afin de mettre fin à toutes les déperditions et fuites d'eau. Les premières opérations ont ciblé le chef-lieu de wilaya sur 25 000 mètres linéaires, soit le réseau alimenté par le barrage de Sidi Abdelli. Certaines communes ont été touchées par ces travaux, et un projet d'interconnexion sera réalisé afin de bien gérer cet élixir de vie en toute facilité et pour une dotation équitable. Pour ce qui est des communes, la rénovation a ciblé El Merhoum, Chetouane, Telagh, etc. Même les zones éparses, dont la région de Msid relevant de la commune de Sfisef, sont concernées par ces travaux. Au volet stockage, il a été réalisé 8 réservoirs d'une capacité globale de 22 000 mètres cubes. Deux autres réservoirs d'une capacité de 1 000 m3 chacun sont en cours de réalisation et la réception est prévue durant la période estivale. Pour les communes, on a réalisé plusieurs réservoirs au niveau de Tanazara, Moulay Snissel, Aouinet… Qu'en est–il du programme d'urgence et de ceux en cours ? Dans ce cadre, 4 forages d'un débit total de 40 l/s ont été réalisés au niveau du chef-lieu de wilaya et deux autres à Sfisef d'un débit de 10 l/s. Quant aux localités de Bouaiche et Mostefa Ben Brahim, elles ont bénéficié de deux forages chacune. L'ensemble de ces ouvrages a permis le captage d'un volume quotidien de 3 500 m3. Pour le programme en cours, la véritable solution réside dans le dessalement à partir de Honaïne, à raison de 105 000 m3, et le traitement des eaux de Zouïa permettra à Sidi Abdelli de bénéficier d'environ 100 000 m3. A cela s'ajoutent un programme de mise à niveau des rénovations des réseaux et le programme d'installation de plus de 40 000 compteurs. Dans le domaine des ressources en eau, une opération de grande envergure concernant le transfert d'une partie des eaux souterraines du Chatt El Gharbi a été lancée pour satisfaire les besoins en irrigation des superficies agricoles et d'AEP des populations, dont celles de Sidi Bel Abbès. Peut-on avoir plus de détails ? La part de la wilaya, qui compte 52 communes, est de l'ordre de 12 000 mètres cubes par jour destinés à l'AEP et de 28 000 m3 pour l'irrigation. Ce transfert permettra à la région de pallier le déficit enregistré. Je saisis cette occasion pour dire que l'eau est un bien précieux. Pour éviter que la source ne se tarisse, apprenez les gestes qui vont la préserver et éviter sa pollution. Protéger l'eau n'est pas réservé aux techniciens et aux spécialistes. Sur son lieu de travail ou dans son foyer, en ville ou à la campagne, chacun doit être conscient de sa responsabilité et de son devoir de solidarité. Il y va de l'avenir des générations futures. Par quelques petits gestes, vous pouvez contribuer à la bonne santé de l'eau. Pour l'amélioration de la gestion de l'eau, l'engagement de tout le monde est nécessaire, particulièrement les élus locaux qui sont les acteurs les plus proches du terrain. C'est pourquoi ce nouveau plan d'action sécheresse demande l'implication de tous les acteurs, car l'eau est l'affaire de tous. Elle est indispensable à la vie, aux progrès agricoles et industriels et élimine les causes de certaines maladies mortelles, alors, ensemble, économisons-la. Si on parlait des problèmes des inondations de la wilaya… Le bassin versant de la Mekkera couvrant une superficie de plus de 300 km2 est drainé par oued El Mekkera qui développe un thalweg d'une longueur de 115 km et qui prend sa source dans la zone des Hauts Plateaux. Le problème des inondations générées par les crues cycliques de la Mekkera a constitué depuis toujours l'une des principales préoccupations des responsables de la wilaya. Dans ce sillage, il a été procédé à l'identification de 25 communes où les constructions aux abords des lits d'oueds sont menacées. Pour Sidi Bel Abbès, un ouvrage de protection a été réalisé, ce qui permettra de détourner l'oued, car le débit des crues, notamment celles de l'année écoulée, a été estimé à 750 000 m3 par seconde. Qu'en est–il des retenues ? Actuellement, un barrage écrêteur, d'une capacité de 25 millions de m3, est en cours de réalisation à Tabia, et une étude est en cours afin d'engager des travaux d'urgence portant sur l'aménagement des oueds. Cette étude est menée par un bureau d'études suisse. Néanmoins, le dispositif mis en place pour la protection de la ville a permis d'atténuer à 100 pour cent les effets des crues annuelles (1 500 m3/s) et de répondre en partie aux inondations décennales. Ces projets ont consommé, comme première tranche, plus de 450 milliards de centimes, en plus des 320 milliards de centimes pour l'aménagement des oueds, opération lancée par les services des forêts. Qu'en est-il des chantiers destinés à la protection contre les inondations ? Actuellement, il y a plus de vingt chantiers, que ce soit à Ras El Ma ou à Sfisef. Le volume des investissements dépasse les 100 milliards de centimes, mais il reste beaucoup à faire pour en finir définitivement avec le problème des crues, notamment la mise en place d'une structure dotée de moyens humains et financiers qui sera chargée de l'entretien et du curage permanent de l'oued Mekkera et des ouvrages de protection. Et si on parlait des eaux destinées à l'irrigation… La région a vu la réalisation de quatre retenues d'un volume de 345 000 m3 destinées à l'irrigation de 120 hectares dans la plaine de Tassala, en plus d'un programme en cours visant à la réalisation de quatre autres. Le programme de réhabilitation de la station dépuration de 220 000 eq/h, pour lequel un volume d'investissement de 30 milliards de centimes a été injecté, permettra l'irrigation par le système goutte-à-goutte de 1 800 ha à Sidi Bel Abbès. Et pour conclure… Actuellement, on s'attelle à résoudre le problème avec le programme ambitieux de l'eau dessalée et de celle du Chat El Gharbi. J'interpelle toute la population pour bien gérer cette eau et éviter le gaspillage, car l'économie de cette denrée précieuse est l'affaire de tous.