Traumatisés, isolés, privés de tout contact avec leurs familles restés au pays, les Algériens de Ghaza souffrent, comme tous les habitants de cette région palestinienne. La communauté algérienne établie dans cette enclave est composée, pour l'essentiel, de femmes mariées à des Palestiniens. Jointe au téléphone par l'APS, une Algérienne installée à Ghaza depuis 1994, Mme Aïcha Hamlaoui, a qualifié de «très pénibles» les contraintes de toutes natures auxquelles font face ces Algériennes et leurs enfants. Le calvaire de Mme Hamlaoui a été consommé dès le premier jour de l'offensive israélienne lorsqu'elle perdit son époux, Imad Abou El-Hadj, policier palestinien, tombé au champ d'honneur, lui léguant la lourde responsabilité de six enfants dont le plus jeune est âgé de 14 ans. Affligée, la voix étranglée, elle décrit la tragédie quotidienne incommensurable que vit sa famille, à l'instar de toutes les autres familles palestiniennes. «Toutes les Algériennes de Ghaza partagent les mêmes souffrances avec les habitants de la bande de Ghaza», affirme, avec une certaine fierté et malgré la douleur, Mme Hamlaoui. Cette communauté de destin «nous a aidées à nous solidariser et à nous entraider, Algériennes et Palestiniennes, ne serait-ce que par le biais d'un dérisoire appel téléphonique», ajoute-t-elle en évoquant son défunt mari comme étant quelqu'un de très attaché à la communauté algérienne qu'il n'hésitait pas à aider, particulièrement pour l'obtention de documents officiels. Cette veuve et ses enfants, actuellement à la charge du beau-frère, sont en contact avec l'ambassade d'Algérie au Caire pour tenter de se faire rapatrier en Algérie, mais le déplacement vers Ramallah (Cisjordanie) pour obtenir leur passeport leur a été refusé par les autorités israéliennes, sans compter que le passage par le terminal de Rafah vers l'Egypte est pour l'instant fermé. Une autre Algérienne, Mme Nabila Mustapha Yahia, s'élève contre ce qu'on a qualifié d'opérations israéliennes «défensives» et en veut pour preuve la destruction totale de sa modeste maison par un missile israélien. Nabila se rappelle avec amertume les sacrifices qu'elle a dû consentir, en compagnie de son mari palestinien, depuis leur mariage en 1998, pour obtenir un toit et voilà que tout s'effondre, sous leurs yeux et en quelques secondes. «Les raids aériens ne font pas dans le détail et fauchent enfants, femmes et personnes âgées. Ils démolissent tout sur leur passage, n'épargnant ni maisons ni mosquées», témoigne-t-elle. A ce moment précis, une explosion retentit et coupe la communication. Elle précisera, un peu plus tard, qu'une voiture civile a été touchée par une roquette israélienne. Terrorisée à l'idée que des soldats israéliens pouvaient, à tout moment, faire irruption dans la maison où elle s'était réfugiée avec ses enfants, Nabila ne pouvait s'empêcher de répéter sans arrêt : «Ils [les soldats israéliens] se rapprochent peu à peu», disant tout ignorer du sort de ceux dont la maison a été investie par l'ennemi. Avec le même sentiment de douleur extrême, l'Algérienne Aouniya Azaizi, qui vit à Ghaza depuis 1994, décrit les conditions de vie pénibles de la communauté algérienne qui, à l'instar des familles palestiniennes, côtoie la peur que vient raviver la difficulté de communiquer au fur et à mesure que l'agression israélienne prend de l'ampleur. Nul besoin de ces témoignages pour imaginer le sentiment de terreur et de désespoir qui s'empare de la population civile, notamment dans la zone nord, malgré la bravoure des combattants palestiniens et l'esprit de sacrifice qui anime les Palestiniens. APS