La situation et l'avenir des chaînes de télévision algériennes privées vont bientôt être définis au cas par cas, avec la promulgation de la nouvelle loi sur l'audiovisuel en préparation. A une question sur l'autorisation accordée à des chaînes privées d'ouvrir des bureaux en Algérie et qui expire le 31 décembre, le ministre de la Communication, Abdelkader Messahel, a indiqué mardi dernier que «la question sera traitée avec les concernés au cas par cas», notant que «le plus important est de mettre en place un cadre juridique pour la protection de tous». Le projet de loi sur l'audiovisuel, approuvé dernièrement par le Conseil des ministres et qui sera soumis dans les prochains jours aux deux chambres du Parlement, définira le rôle de chaque partie conformément aux pratiques en vigueur dans le monde, a précisé le ministre dans une déclaration, en marge des travaux de la deuxième réunion annuelle du Forum arabe sur la gouvernance de l'Internet. Le secteur de la communication «a pris en considération, lors de l'élaboration de ce projet de loi, des pratiques mondialement en vigueur dans ce domaine», a indiqué M. Messahel, avant de préciser que «les professionnels et les concernés par l'audiovisuel ont été consultés à ce sujet». L'ouverture du champ audiovisuel a pour but de «présenter une information crédible au citoyen», a-t-il souligné, ajoutant que les lois qui seront promulguées seront au «service de l'audiovisuel (...) et dans l'intérêt du citoyen et du pays». Abdelkader Messahel a, d'autre part, précisé que l'ouverture du champ audiovisuel était «un droit constitutionnel» et «un engagement du président de la République, Abdelaziz Bouteflika». Le Conseil des ministres rappelle-t-on, a examiné et approuvé le projet de loi relatif à l'activité audiovisuelle, pris en application des dispositions de la loi organique du 12 janvier 2012 relative à l'information «qui a pour objet de consacrer, dans la pratique, conformément aux dispositions constitutionnelles, l'ouverture du champ audiovisuel national à l'initiative privée», a indiqué un communiqué de la présidence de la République. Les nouvelles dispositions de ce projet de loi fixent les modalités, organisent les procédures de la création des services audiovisuels et définissent les missions d'une autorité de régulation de l'audiovisuel, prévue pour encadrer l'activité du paysage audiovisuel national, a-t-on précisé de même source. Ce projet de loi tient-on à souligner vient mettre de l'ordre dans ce secteur, qui attend depuis des années l'ouverture et qui a vu s'installer un total de six chaînes généralistes et une autre thématique (cuisine), de droit étranger, libanais, jordanien, ou émettant au nom d'entreprises éditrices de journaux, avant même cette loi organique de 2012. Seules trois chaînes de ces télés, qui sont captées par les Algériens, avaient obtenu à leur demande l'agrément provisoire pour l'ouverture de bureaux, en attendant la promulgation de la loi sur l'audiovisuel. Cette démarche d'ouverture progressive de télévisions de droit privé, en fait, serait un moyen d'exercer le contrôle de l'Etat sur leur contenu. C'est là la thèse que défendent nombre de professionnels des médias audiovisuels, qui craignent que cette ouverture tant attendue soit ratée, à l'image de celle des années 90. Une grande bataille est attendue au Parlement lors de l'examen du projet de loi portant audiovisuel, entre les partisans d'une ouverture contrôlée, notamment ceux qui, échaudés par l'expérience de la presse écrite, et les professionnels du secteur qui réclameront certainement plus de liberté que ce que contiendrait le projet de loi, déjà objet de leurs critiques. A. R.