Mohamed Rahmani «Toute ingérence extérieure dans les affaires du syndicat d'entreprise, la non reconnaissance du syndicat autonome entraînera immédiatement une grève générale et illimitée de l'ensemble des 29 unités du complexe sidérurgique.» C'est ce qui ressort d'une lettre adressée par Daoud Kechichi qui soutient avoir été désigné par les travailleurs comme étant leur porte-parole. Cette lettre au ton menaçant est venue suite à l'absence de réaction de la Centrale syndicale ainsi que des instances, locale et wilayale, après la décision prise en assemblée générale de créer un nouveau syndicat autonome en dehors des structures de l'Ugta. Cette dernière ignorant superbement les derniers développements et n'attachant aucune importance «aux gesticulations et aux agissements de cet ex-syndicaliste», comme nous l'a déclaré un responsable de l'union de wilaya Ugta, continue son bonhomme de chemin en nommant de nouveaux coordinateurs au sein des unités du complexe en remplacement des sections syndicales dissoutes. M. Kechichi, quant à lui, maintient le cap et continue à mobiliser ses troupes mettant en avant l'illégalité de son éviction de ses fonctions de secrétaire général du syndicat d'entreprise ArcelorMittal ainsi que tout ce qui est venu après, c'est-à-dire la dissolution des sections syndicales des unités et leur remplacement par des coordinateurs. Soutenu en cela par des centaines de partisans et sympathisants, le désormais porte-parole des travailleurs est sur les pas de son prédécesseur M. Smaïn Kouadria, aujourd'hui député sous la bannière du PT, lorsqu'il avait adopté la même stratégie pour évincer Aïssa Menadi secrétaire général du même syndicat. Après bien des péripéties et des troubles qui avaient vu s'affronter des travailleurs des deux camps, Kouadria s'en était sorti vainqueur et avait été installé comme secrétaire général du syndicat en lieu et place du sieur Menadi. Ce même Menadi, aujourd'hui retraité, était revenu par «la petite porte» pour occuper le poste de secrétaire général de l'union locale Ugta de Sidi Amar, structure hiérarchique du syndicat d'entreprise Arcelor Mittal, par les grâces de M. Tayeb Hémarnia SG de l'union de wilaya de la Centrale syndicale. Ce dernier l'avait désigné comme tel pour services rendus lors de la dernière campagne pour les élections locales tenues le 29 novembre 2012, suite auxquelles il avait été élu membre de l'APW. Ce renvoi d'ascenseur a permis à Menadi de «faire la pluie et le beau temps» à l'intérieur du complexe sidérurgique plaçant les hommes qu'il veut à la tête des instances syndicales, M. Kechichi faisait partie du lot puisque celui-ci avait été nommé et non élu à la tête du syndicat ArcelorMittal en remplacement de M. Tahar Chaouche Tahar, élu celui-là par les travailleurs. Kechichi victime du même procédé s'est rebellé et a mobilisé ses sympathisants pour en découdre avec l'union locale et l'union de wilaya. Aujourd'hui le complexe sidérurgique est en équilibre instable et cela risque de dégénérer à tout moment et aboutir à des mouvements de grève ou à des affrontements entre ouvriers, comme cela s'est passé en mai 2012. Trop d'intérêts sont en jeu et chaque partie veut avoir sa part de ce «gâteau» nommé El Hadjar, surtout que maintenant le complexe sidérurgique est dans le giron de l'Etat avec la bagatelle de...763 millions de dollars. Les services compétents devront s'intéresser de près à ce qui s'y passe, autrement tous les efforts consentis par l'Etat pour redresser cet outil de production stratégique auront été vains et un retour à la case départ n'est pas à exclure : les vampires sont de retour. M. R.