Le complexe sidérurgique ArcelorMittal d'Annaba est en ébullition et la colère monte dans les milieux ouvriers qui s'opposent au limogeage par l'Union de wilaya Ugta, du secrétaire général du syndicat et de 3 membres du bureau qu'ils ont élus. Une décision qui a mis le feu aux poudres et la révolte gronde dans les ateliers, certains déclarent ouvertement qu'ils passeront avec armes et bagages dans les rangs d'un autre syndicat qui commence à montrer ses dents. «Cette façon de faire qui n'est pas réglementaire et obéit à des desseins inavoués est inacceptable, nous dit M. Tahar Chaouche, secrétaire général (suspendu) du syndicat d'entreprise. Les milliers de travailleurs qui nous ont élus refusent que leur choix soit confisqué par une simple décision administrative émanant d'une instance en total déphasage avec les réalités du complexe. D'ailleurs une plainte sera déposée demain (Mercredi 17 juillet) au niveau de la section sociale près le tribunal d'El Hadjar pour abus d'autorité et non respect de la réglementation et des statuts de l'Ugta.» Poursuivant M. Tahar Chaouche nous apprendra que le complexe sidérurgique traverse aujourd'hui une mauvaise passe du fait d'une situation financière difficile aggravée depuis quelques jours par des problèmes techniques au niveau du haut fourneau, problèmes qui pourraient aboutir à un arrêt prolongé de l'activité de cette installation. «C'est pourquoi, nous informe-t-il, nous ne voulons pas de grands mouvements d'ouvriers, de rassemblements, d'assemblées générales ou de grèves, nous allons suivre la voie la moins bruyante», pour préserver le complexe de toute manipulation. Pour rappel (voir nos précédentes éditions), le conflit entre la tutelle (Union de wilaya Ugta) et syndicat d'entreprise ArcelorMittal est apparu suite à la convocation du conseil syndical composé de 29 membres par l'UW. «Ce n'est pas réglementaire puisque les convocations doivent être individuelles et comportant l'ordre du jour, nous avait déclaré au lendemain de la réunion, le secrétaire général du syndicat. Malgré cela nous avions assisté à la réunion mais comme le Quorum des 2/3 n'avait pas été atteint, la séance fut levée dans la précipitation suite au clash qu'il y a eu entre les syndicalistes et des intrus qui n'avaient pas le droit d'assister à la réunion.» Une journée plus tard, une décision de l'Union de wilaya Ugta mettait fin aux fonctions de M. Tahar Chaouche Tahar secrétaire général du syndicat ArcelorMittal et 3 autres membres influents du bureau syndical. Ces 4 syndicalistes ont été remplacés par d'autres «plus dociles et aux ordres, nous a confié l'ex-secrétaire général parce que des poulains à Aïssa Menadi (ex- secrétaire général du syndicat) qui veut garder la mainmise sur le complexe sidérurgique et revenir aux anciennes pratiques qui ont discrédité le syndicat et fait de certains syndicalistes des milliardaires ; parce que nous avons voulu changer les choses, éradiquer ces trafics, ces chantages, la manipulation des travailleurs pour préserver les intérêts de certains. Nous voulons un syndicat revendicatif qui défende véritablement les intérêts des travailleurs et du complexe. On nous a empêchés de lefaire. Nous ne sommes plus responsables si les travailleurs se détournent de l'Ugta et adhèrent dans d'autres syndicats. C'est l'un des derniers bastions de la Centrale syndicale et par la faute del'UW, le complexe sidérurgique risque d'être perdu.». Le syndicat d'entreprise ArcelorMittal a toujours fait l'objet de convoitises qui se sont manifestées parfois violemment amenant des affrontements entre ouvriers à l'intérieur même de l'usine. La première guerre entre le clan Aïssa Menadi et le clan Kouadria avait fini par terrasser le premier, alors député, qui avait fini par baisser les bras. Pendant un certain temps seulement. Dès la fin de son mandat de député, Aïssa Menadi était revenu à la charge pour occuper les lieux et mobiliser ses partisans pour abattre Kouadria devenu l'homme fort du complexe. Entretemps ce dernier est élu député sous les couleurs du PT qu'il draguait déjà quand il était SG du syndicat. Rassemblements, manifestations, marches, affrontements, blocages de sites et autres avaient caractérisé cette guéguerre que se livraient les 2 camps. Puis arriva Tahar Chaouche à la tête du syndicat d'entreprise, un nouveau venu «inconnu au bataillon» et qui ne connaît pas encore les rouages et les manœuvres des 2 anciens secrétaires généraux rompus à ce genre de pratiques. Bref, le complexe sidérurgique ArcelorMittal d'Annaba est au bord de l'implosion, une situation financière des plus difficiles, des problèmes techniques au niveau d'installations stratégiques et un conflit syndico-syndical qui risque d'aboutir à des affrontements et des grèves. Ce complexe est devenu au fil des ans la poule aux œufs d'or pour certains, ils décrochent des contrats de sous traitance pour des parents et des proches, touchent une sorte de dîme sur tous ceux qui sont en relation de travail avec le complexe, disposent de l'argent du CP comme ils veulent et font des «affaires». M. R.