Un résultat qui ne reflète guère la physionomie de ce match retour qui s'est joué au Maroc (Casablanca). Didier Drogba et consorts s'en tirent finalement à bon compte. Vainqueurs lors du match aller (3/1), ils peuvent s'estimer heureux de disputer le 3e Mondial de la Côte d'Ivoire. Virtuellement, les Eléphants étaient qualifiés avant le coup d'envoi de Djamel Haïmoudi qui a impeccablement officié ce match décisif. Ils se voyaient déjà partir vers Rio confortablement assis dans l'avion. Cependant, à un quart d'heure de la fin, ils vont se retrouver sur un siège éjectable. A la 76e minute, Haïmoudi, à juste titre, n'a pas hésité à désigner le point de penalty suite à une faute de Drogba sur Mané. Moussa Sow transforme l'offrande en prenant Boubakar Barry à contre-pied (76'). Un but venu concrétiser l'outrageuse domination de la bande d'Alain Giresse qui a fait le jeu depuis le début de la partie et a eu pas mal d'opportunités pour se détacher au tableau d'affichage avant l'ouverture du score «tardive» de Sow l'ancien attaquant du Lille OSC. A cet instant, Sabri Lamouchi, sélectionneur de la Côte d'Ivoire, savait bien qu'un scénario catastrophe n'était pas à exclure et ses poulains se sont contentés de défendre et subir les assauts adverses comme ils l'ont fait pendant les 90 minutes. Dans le temps additionnel, les Sénégalais ont même frôlé le billet vers le Brésil à un doigt près. Celui du portier adverse, Barry, qui a sauvé les siens en détournant magistralement en corner la frappe à bout portant de M'Bodji (90', +2)... le tournant du match. La suite ? Un renvoi de la défense, Drogba qui dévie pour Yaya Touré. Le milieu de terrain de Manchester City fixe Djilobodji et sert Salomon Kalou qui gagne son face à face avec Coundoul et punit le Sénégal. Un véritable coup de poignard qu'ont reçu les Lions de Teranga. Une seule et ultime attaque a suffit à la Côte d'Ivoire pour inscrire le but qu'il fallait. L'illustration parfaite de ce coup de chance qu'il faut provoquer, de l'expérience qui peut faire la différence lors de ce genre de rendez-vous. Un but partout, c'était le résultat final. Cruel pour Papiss Cissé et ses compères qui ont tout donné lors de cet acte II. Des regrets ? Il y en aura certainement. Surtout celui d'avoir refusé de jouer à Abidjan se contentant de (trop) regarder leurs homologues prendre l'initiative. Ils ont pu le confirmer, la meilleure défense c'est l'attaque mais quand on attaque il faut surveiller ses arrières. A ce niveau là, le moindre flottement est impardonnable, la moindre brèche est exploitable et les opportunités mal négociées regrettables. Une deuxième phase finale de Coupe du Monde (après celle de 2002), ça sera pour une autre fois. Une chose est sure, cette sélection jeune, pleine de talents et prometteuse est prête pour la reconquête de l'Afrique du football. En face, il y avait plus expérimentés et plus réalistes surtout. Didier Drogba aura l'occasion de disputer une troisième CDM de suite, soit autant que le nombre de fois où son pays a pris part au tournoi quadriennal du football universel. Une dernière pour la route. Méritée pour l'homme et ce qu'il a donné (donne encore) pour son pays. En face, la nouvelle génération sénégalaise n'a pas démérité. Un barrage, c'est «to be or not to be». Seule la qualification est belle. M. T.