La récente visite du souverain marocain aux Etats-Unis, s'est accompagnée de deux déclarations qui, a priori, semblent contradictoires, mais qui traduisent en fait une certaine ambivalence de la position américaine à l'égard de ce conflit, et une certaine gêne à l'égard de son allié stratégique. Mais point de chèque en blanc, comme tendent à l'accréditer les thèses favorables à notre voisin marocain. Il y a eu d'abord cette déclaration de la Maison- Blanche, qui a précédé la visite du roi du Maroc, vendredi dernier, indiquant que le plan marocain d'autonomie du Sahara occidental était «sérieux, réaliste et digne de foi», rapportent les agences. Ce plan «représente une approche potentielle qui peut satisfaire les aspirations des habitants du Sahara occidental pour diriger leurs propres affaires dans la paix et la dignité», a déclaré le porte-parole de l'exécutif américain, Jay Carney, peu avant une rencontre entre le président Barack Obama et le roi Mohammed VI, dédiée en particulier à la sécurité et à l'économie. Ce qui s'apparente à un franc soutien de la Maison-Blanche au plan d'autonomie marocain, est toutefois nuancé par la déclaration du président américain, Barack Obama, vendredi, où il s'est doublement engagé à poursuivre les efforts pour trouver une solution «pacifique, durable et mutuellement acceptable» sur la question du Sahara occidental et aussi à protéger les droits de l'Homme du peuple sahraoui dont les violations ont été dénoncées, à maintes reprises, par le département d'Etat, le Congrès et les ONG internationales. «Le président (Obama) s'est engagé à continuer à soutenir les efforts pour trouver une solution pacifique, durable et mutuellement acceptable à la question du Sahara occidental», a indiqué le communiqué conjoint publié par la Maison-Blanche à l'issue de la rencontre entre le président Obama et le roi du Maroc, Mohammed VI. Voilà de quoi refroidir les ardeurs du voisin de l'Ouest. D'autant plus, que le même communiqué commun a consacré un chapitre spécial à la question du Sahara occidental et des droits de l'Homme du peuple sahraoui, et ce, au même titre que les autres volets relatifs aux relations bilatérales américano-marocaines, à la sécurité régionale et à la lutte contre le terrorisme, à l'Afrique et à la paix au Moyen-Orient. Traitement de la question sahraouie dans le cadre de l'ONU Le communiqué de la Présidence américaine met clairement en avant que le dossier du Sahara occidental doit être traité dans le cadre des Nations unies, en tenant à préciser dans le communiqué que les Etats-Unis «continuent à appuyer les négociations menées par l'ONU, y compris le travail entrepris par l'Envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross, comme ils exhortent les deux parties (Front Polisario et Maroc) à travailler pour parvenir à une solution». La question des droits de l'Homme Durant sa rencontre avec le souverain marocain, le chef de la Maison-Blanche a également tenu à soulever la question de la violation des droits de l'Homme du peuple sahraoui par le Maroc, que des membres du Congrès américain, des ONG internationales et la presse américaine ont intensément appelé à traiter en priorité. Dans cette optique, la Maison-Blanche a fait savoir que le président Obama et le roi du Maroc ont affirmé leur engagement commun à l'amélioration des conditions de vie du peuple du Sahara occidental et ont convenu à travailler ensemble pour continuer «à protéger et à promouvoir» les droits de l'Homme dans le territoire sahraoui. En réaction à l'ensemble de ces engagements, le Front Polisario a salué l'engagement personnel du Président de la première puissance mondiale, Obama, pour assurer la protection des droits Humains du peuple sahraoui au Sahara occidental occupé par le Maroc. Le représentant du Front Polisario à Washington, Mohamed Yeslem Beisat, s'est félicité, dans ce sillage, que le communiqué ait consacré un chapitre spécial à la question du Sahara occidental au même titre que les autres volets relatifs à l'Afrique et à la paix au Moyen-Orient abordés dans le texte, lequel observe-t-il, mentionne clairement «le peuple du Sahara occidental» lorsqu'il évoque la question des droits de l'Homme. Cependant, a-t-il poursuivi, «le peuple sahraoui s'attend, en conséquence, à ce que des mesures et des mécanismes pratiques de surveillance des droits de l'Homme soient instaurés pour la mise en œuvre de ce noble engagement des Etats-Unis». Questionné par l'APS sur la lecture qu'il fait du communiqué quant au mode de résolution de la question sahraouie, M. Beisat a tenu à observer que le président Obama considère, également, le plan d'autonomie proposé par le Maroc comme une «approche potentielle» qui figure, d'ailleurs, parmi les autres approches incluses dans les résolutions de l'ONU depuis juillet 2003. M. Beisat rappelle que le référendum d'autodétermination du Sahara occidental promis depuis plusieurs années prévoit trois options qui sont, en l'occurrence, l'indépendance du Sahara occidental, l'intégration au Maroc ou l'autonomie. Mais, a-t-il soutenu, c'est au peuple sahraoui de se prononcer sur l'une de ces trois options «dans le cadre de l'exercice de son droit inaliénable à l'autodétermination». Le représentant sahraoui s'est également félicité que le président Obama ait abordé, lors de son entretien avec le roi Mohammed VI, la question des procès de civils qui sont traduits devant les tribunaux militaires marocains et pour laquelle le communiqué conjoint note que le roi du Maroc «s'est engagé à mettre fin à cette pratique». Le représentant sahraoui a souhaité, à ce sujet, que cet engagement du roi Mohammed VI soit appliqué avec effet rétroactif et que les Sahraouis civils condamnés par les tribunaux militaires marocains soient mis en liberté, en citant les cas des 24 prisonniers de l'affaire Gdeim Izik, lourdement condamnés par le tribunal militaire de Rabat en février dernier, de Mohamed Elhafed Iazza et de Mbarek Daoudi. A rappeler, qu'en avril dernier, les Etats-Unis avaient un temps proposé que le mandat de la mission des Nations unies dans la région, la Minurso, soit élargi aux droits de l'Homme. Mais ce projet avait été vivement contesté par Rabat, qui avait décidé de reporter sine die un important exercice militaire bilatéral. A. R./Agences