La conférence Genève 2 se tiendra-t-elle comme annoncée le 22 janvier ? Rien n'est moins sûr. L'opposition syrienne a annoncé, pas plus tard qu'hier, qu'elle n'assisterait pas à une conférence qui attribuerait un rôle dans la transition à l'actuel président syrien. Le chef de la diplomatie française, en ajoutera une couche en disant que Genève 2 se tiendra forcément sans Assad. Les Syriens, eux, savent pertinemment qu'aucune solution crédible ne pourra être prise sans leur Chef de l'Etat. A la lumière de ces divergences, avancent les analystes, il sera difficile de respecter la date fixée. Le secrétaire d'Etat américain John Kerry a estimé que la Conférence de Genève serait «la meilleure occasion (...) de former un gouvernement de transition d'un commun accord». Toutefois peu d'analystes croient en la possibilité de mettre fin rapidement à un conflit armé qui dure depuis plus de 30 mois. En effet, la liste des participants à la conférence n'est pas encore établie, les grandes puissances restent divisées et impuissantes à mettre un frein aux combats, tandis que l'hostilité demeure très vive entre le régime de Bachar al-Assad et une opposition profondément morcelée. L'ONU ne se risque plus à donner de bilan précis du carnage et le représentant spécial des Nations unies en Irak, Nickolay Mladenov, a averti hier, le Conseil de sécurité des dangers d'une infiltration en Irak de groupes extrémistes opérant en Syrie. Pour Salman Shaikh, directeur du centre de recherche Brookings à Doha, le fait que l'ONU ait pu annoncer une date est un signe positif. Mais il évalue les chances de réussite de la conférence de Genève à «50-50» et souligne qu'elle «est l'otage de la situation sur le terrain». «Le 22 janvier est encore loin», note pour sa part Richard Gowan, de l'Université de New York. «L'armée syrienne a enregistré de nouvelles victoires sur les rebelles et pourrait redoubler d'efforts pour renforcer sa position militaire avant le début des négociations.» Le médiateur de l'ONU, Lakhdar Brahimi, rencontrera une nouvelle fois le 20 décembre des responsables russes et américains pour préparer la conférence, et en particulier pour en choisir les participants. Les questions sont nombreuses : qui représentera les rebelles ? La délégation gouvernementale aura-t-elle le pouvoir de prendre des décisions cruciales ? L'Iran, qui soutient Damas, et l'Arabie saoudite, qui soutient l'opposition, seront-ils de la partie ? L'opposition doit participer à la conférence, estime Salman Shaikh. Mais les rebelles «prennent un gros risque» en se rendant à Genève. La participation de l'Iran est par ailleurs contestée car Téhéran n'a pas entériné formellement une déclaration adoptée à Genève en juin 2012 par les grandes puissances. Cette déclaration envisage un gouvernement de transition en Syrie et, pour l'ONU et les Occidentaux, elle doit former la base des discussions à la conférence du 22 janvier. Maintenant qu'une date a été fixée Washington et Moscou veulent s'y tenir, souligne Richard Gowan. «Mais il y a toujours un grand risque que les discussions capotent une fois commencées ou que le résultat soit un compromis boiteux.» Pour Ban Ki-moon, il serait cependant «impardonnable de ne pas saisir cette occasion de mettre fin aux souffrances et aux destructions que (le conflit) a provoquées». Sur le terrain, un attentat suicide à l'ouest de Damas a fait 15 morts et 30 blessés. Un homme s'est fait exploser à bord d'une voiture devant la gare routière de Soumariya, à l'entrée ouest de Damas. M. S./Agences