Boualem Oussedik, responsable de la cellule de propagande de la wilaya IV historique est décédé, hier à Alger, à l'âge de 85 ans. Le capitaine Boualem Oussedik a, durant la Guerre de libération nationale, assuré la direction de la cellule de propagande de la wilaya IV aux côtés du colonel M'hamed Bougara. Les compagnons de Boualem Oussedik affirmaient qu'il était un homme de valeur. A vingt-deux ans, il quittait l'Université pour rejoindre le maquis. Etudiant brillant, il avait collectionné les diplômes et avait sérieusement étudié le marxisme. Le colonel Si Sadek l'avait chargé de la propagande. Il était en quelque sorte le chef des commissaires politiques. Il a été ensuite responsable de la même cellule à la Zone autonome d'Alger avec le commandant Azzedine. Il a été également ambassadeur du Gouvernement provisoire de la République algérienne (Gpra) au Mali et en Suède, notamment. Après l'indépendance nationale, il a occupé notamment les postes de secrétaire général respectivement au ministère du Travail et du Tourisme, et a également été député à la 1re Assemblée constituante. Zohra Drif, moudjahida et vice-présidente du Conseil de la nation, dans un témoignage lors d'un hommage qui lui a été rendu avait affirmé : «Je veux rendre un hommage à Boualem Oussedik en tant que moudjahid et en tant qu'étudiant. Personnellement, je me sens redevable envers lui, car c'est grâce à lui que j'ai pu avoir le contact, à l'époque, avec le Front de libération nationale. Il faut dire que j'étais très jeune. C'était ma première année à la faculté d'Alger, et je ne connaissais personne. En fait, la Révolution venait d'éclater et je cherchais le contact, sachant que c'était un mouvement secret, voire clandestin et que personne ne me connaissait. Par ailleurs, je savais que pour le FLN, il fallait des critères rigoureux. Donc, il me fallait un parrain. J'ai eu la chance, un jour, de rencontrer Boualem Oussedik. A la faculté, il m'a abordée. Il s'est présenté». Et il s'est avéré que je connaissais très bien sa sœur pour avoir été avec elle, pendant 7 années, interne au lycée Fromentin qui est l'actuel lycée Bouamama. Donc, on s'est mutuellement trouvés en confiance. Nous avons abordé la situation du pays. Je n'ai pas appréhendé le fait de lui dire que j'aimerais connaître ces gens qui ont eu ce courage, cette lucidité extraordinaire d'engager le combat. Et lui, bien sûr, il ne me connaissait pas assez. Il m'a dit : «Vers qui tu veux aller ?» Je lui ai alors répondu que je ne savais pas ; que je ne connaissais personne, en fait. Il m'a dit : «Il y a le Parti communiste algérien.» Alors j'ai répondu par la négative, pour une raison simple : c'est que le 1er Novembre 1954, le journal du Parti communiste algérien qui s'appelait Alger Républicain avait condamné l'action et l'avait qualifiée d'action suicide. Par conséquent, pour moi, je n'étais pas d'accord sur le fond de ce qu'ils disaient. Boualem Oussedik m'a dit : «Il y a un autre mouvement, le Mouvement nationaliste algérien.» J'ai dis : c'est quoi ? Bien que je ne connaissais personne, je connaissais la situation politique du pays, les problèmes qui avaient agité le principal parti indépendantiste qui était le PPA, et était dénommé par la suite Mtld. Pour moi, le Mouvement nationaliste algérien devait reposer sur certains critères, et ceux-là ne me convainquaient pas assez. Je lui ai dit : «Et quoi encore ?» Il m'a dit : «Le Front de libération nationale.» A l'époque, j'étais très jeune, mais j'ai raisonné ainsi bien sûr, cela pourrait à juste titre être un peu léger. Mais bon, j'ai estimé que le Front était ouvert à tous les Algériens, sans exclusion. C'était ce que je voulais, servir mon pays à travers un combat. Pour moi, ce combat devait mener à la libération nationale. Je lui ai alors dit : mets-moi en contact avec le Front de libération nationale. Et c'est ainsi qu'on a eu notre premier contact avec le FLN, grâce à Boualem Oussedik. Le défunt mérite l'hommage de tous les Algériens. A. E./APS