De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi En dépit d'une couverture maximale en structures de santé publique réparties à travers toutes les communes, Constantine reste malade dans sa gestion hospitalière. Le dernier rapport de la commission de l'APW, datant d'octobre dernier, a mis à nu les carences du secteur qui renferme de brillants spécialistes «convoités» par plusieurs régions. Le problème de la santé à Constantine ne relève pas d'une incapacité découlant d'une quelconque blouse blanche. Le malaise ronge davantage l'écart «communicationnel» entre l'administration et le monde médical. Si les EHS de Daksi, Djebel Ouahch et de Benchikou spécialisés, respectivement, en psychiatrie, en urologie et en cardiologie, affichent une bonne organisation, le CHU, vraisemblablement dépassé par le nombre impressionnant de malades, ne parvient pas à mettre convenablement en adéquation son administration avec le staff médical pour une meilleure organisation. Un potentiel inéxploité Il demeure une institution médicale aux compétences indéniables par le nombre important de spécialistes. Malheureusement, ce n'est pas tout le temps aisé pour cette corporation qui manque de moyens et de coordination. Cela se répercute incontestablement sur la qualité de la prise en charge du malade. Ces défaillances ont été décriées dans le dernier rapport de la commission de l'APW qui a mis à nu les imperfections que renferme l'hôpital. En matière d'admission et d'urgence, la structure suffoque. Pour évoquer le service de cardiologie, il reçoit au moins 1 300 malades, dont plus de 50% viennent des wilayas voisines, alors qu'il n' y a que 78 lits. Il faut ajouter à cela le fait que ce service est situé au troisième étage. La structure pédiatrique de Mansourah avec ses 60 lits n'échappe pas au laisser-aller au point de «pénaliser l'enfant à suivre son cursus scolaire». La maternité demeure impuissante face au rush des femmes venues de pas moins de 5 wilayas. «On n'en peut plus», lâche une sage-femme. Ce surnombre n'est pas sans conséquence sur le suivi de l'accouchement. Les mères en payent les frais, en attendant que les autres wilayas prennent en charge leurs «nouveau-nés» par l'introduction de médecins spécialisés dans leurs maternités pour résorber un tant soit peu toute cette foule qui assaillit le CHU. A vrai dire, l'établissement Ben Badis joue le rôle d'un SAMU immobile dès lors que tous les cas urgents y sont pris en charge. C'est sans nul doute cela qui justifie, pour une part, «l'anarchie» à l'intérieur de quelques services, notamment aux urgences de nuit et à la maternité. L'absence de médicaments prescrits constitue l'énigme de la pharmacie hospitalière. Le patient chronique est la victime de ce diktat qui ne dit pas son nom. La mauvaise santé des officines du CHU ne laisse personne indifférent sur la gestion et la disponibilité du produit. Pourtant, l'Etat consacre d'énormes sommes pour remplir les étalages pharmaceutiques. Il faut savoir que la pharmacie centrale du CHU a déboursé, en 2007, près de 150 milliards de centimes dont 83 milliards consommés par les cancéreux. La facture a été revue trois fois à la hausse durant les derniers mois de l'année dernière. Le retard dans la livraison du produit est lié en partie aux procédures qui incombent aux importateurs privés. Manque de moyens A propos des polycliniques intra-muros, celles-ci souffrent pour la plupart d'un manque de moyens. Constantine en totalise 4 implantées à Zighoud Youcef, au Khroub, à la nouvelle ville Ali Mendjeli et au chef-lieu (cité El Bir), d'une capacité d'accueil allant de 120 à 240 lits. Aussi, la nouvelle carte des structures de santé, mise en place le 1er janvier 2008, renferme 19 points assurant un service in continuo de 8h à 20h, selon la dernière directive du directeur de la santé de wilaya qui a sommé toutes les polycliniques d'opter pour le h/24, de façon à garantir aux malades les urgences primaires. La wilaya de Constantine ne se plaint pas vraiment en matière de disponibilité des ossatures de base. Cependant, il reste beaucoup à faire dans l'organisation de cet acquis étatique entrant dans le cadre de la réforme hospitalière. Si la santé de proximité se taille une grosse part dans ce programme, il n'en demeure pas moins que quelques zones éloignées des communes ne bénéficient pas des prises en charge et des faveurs «citadines». DSP et APW sur le terrain C'est pourquoi la DSP a jugé utile de mettre les bouchées doubles en vue de toucher toutes ces aires lointaines. Cela constitue, évidemment, une priorité parmi d'autres tracées par la direction qui entend améliorer la qualité des services aux malades, le développement des activités préventives et le suivi des programmes nationaux de santé. Un autre axe fort important interpelle les responsables du secteur et a trait à une meilleure prise en charge de la mère et de l'enfant afin de réduire le taux de mortalité. C'est la situation critique que vit la maternité du CHU qui a contraint la DSP à se pencher sérieusement sur le sujet. Pour chapeauter toutes ses ambitions, la direction de la santé envisage de mettre sur pied une commission chargée de l'inspection et du suivi dans tous les secteurs. A noter enfin que le groupe chargé du volet de la santé à l'APW effectuera prochainement des sorties sur le terrain pour s'enquérir de l'état des cliniques et de leur fonctionnement au niveau de quelques communes. Le constat ne devrait pas être critique si l'on met en relief le suivi promulgué par la DSP.