Les participants à une Journée d'étude sur la toponymie, organisée dimanche à Tizi Ouzou, par le Haut-commissariat à l'amazighité (HCA), ont insisté sur l'importance de la préservation de la toponymie locale. Des universitaires des wilayas de Bouira, Tizi Ouzou et Béjaïa qui ont pris part à cette rencontre placée sous le thème «Mes anthroponymies et toponymie : reflet de l'histoire, de l'identité et de la culture», ont souligné que la toponymie est «une partie du patrimoine qu'il faudra préserver afin de connaître la région qu'il désigne du point de vue historique, géologique, anthropologique, ou faunistique et floral». Certains endroits portent des noms, dont la signification est aujourd'hui perdue, qu'il serait important d'étudier dans la perspective de les utiliser pour remettre à l'usage des mots oubliés, plutôt que de créer des néologismes, ont-ils notamment indiqué. «La toponymie a une valeur lexicale et linguistique qui permet de conserver des archaïsmes qui ont été perdus avec le temps», a observé, à cet égard, M. Imarazen Moussa, docteur en linguistique, professeur au département de langue et culture amazighes de Tizi Ouzou. M. Boualili Ahmed, enseignant au département de langue française de l'université de Tizi Ouzou, a souligné, pour sa part, que l'évolution de la toponymie en Algérie a été marquée par trois périodes importantes qui sont la période anté-coloniale, durant laquelle la majorité des noms des lieux et localités, œuvre du génie populaire, a un ancrage séculaire. La seconde période est celle de la colonisation, durant laquelle l'administration coloniale a rebaptisé des lieux, sans se soucier de la toponymie originelle afin de marquer sa domination et imposer sa culture, a-t-il ajouté. Après l'Indépendance, et mue par la volonté d'effacer toute trace de l'époque coloniale, l'administration algérienne a mis en place une nouvelle toponymie qui, malheureusement, n'a pas pris compte de celle existante avant la colonisation, a fait remarquer le conférencier. Dans cette démarche, a-t-il ajouté, la microtoponymie qui désigne, entre autres, des noms de villages, des sources d'eau, des champs a été la moins affectée par ces changements et remplacements de noms. M. Youcef Merahi, secrétaire général du HCA, a insisté pour sa part sur le rôle que peuvent jouer les élus et l'administration dans la réhabilitation de la toponymie originelle, référent de l'identité nationale. A ce propos, il a indiqué que «la dénomination des lieux est, certes, un acte d'autorité et d'administration, mais cet acte doit concilier le génie populaire pour qu'il soit accepté par la population».