La troupe du Théâtre régional de Mostaganem, El Moudja, s'est produite jeudi dernier au Théâtre national algérien Mehieddine Bachtarzi pour une représentation théâtrale. Au menu, une pièce poético-dramatique inspirée de l'opéra de l'auteur libanais Amin Malouf, Amour de loin. La pièce est chargée d'émotion, entre amours perdues et conflits politiques entre l'Europe et l'Orient. La pièce inspirée d'une œuvre littéraire a été totalement réécrite par le professeur Mohamed Chergui. «J'ai procédé à une réécriture totale de l'œuvre car j'ai remarqué que l'originale manquait de pertinence et ne démontrait pas toute la passion que le prince éprouvait pour sa dulcinée. En résumé, le scénario se compose de 70% de poèmes en arabe dialectal. Quant au reste, j'ai opté pour la prose très proche du poème. Amour de loin a la particularité d'être une pièce très rythmée, les scènes de danse ont vraiment donné une autre dimension au spectacle, car il ne peut y avoir de poésie sans chorégraphie, ce sont deux arts totalement liés», a-t-il déclaré. Mise en scène par Djillali Boudjemaa, la pièce relate l'histoire d'un jeune prince épris d'amour pour une étrangère qui ne cesse de le hanter avec ses yeux bleus. Sur la rive d'un fleuve, il lui dédie ses poèmes enflammés de passion, espérant que viendra le jour où il verra sa bien-aimée. Sur l'autre rive, à des kilomètres de lui, Nabila, perdue, éprouve l'étrange sentiment que son pays n'est plus là. Elle pense que personne ne s'est aperçu de son départ et pleure son pays natal. Sa seule consolation est une nouvelle apportée par le messager : «Un homme est amoureux d'elle et il pleure son absence.» Sur scène, un ensemble de comédiens, habillés de costumes blancs comme neige, incarnent la conscience des personnages principaux. Ils sont là, ils murmurent, ils harcèlent le prince et sa bien-aimée. «Ces personnages symbolisent le conflit intérieur qu'éprouvent les deux personnages, c'est le combat entre le désir et l'interdit, la raison et la déraison. En somme, des sentiments classiques toujours présents quand il s'agit d'amour», déclare l'auteur. Le prince, las d'attendre son amour, décède à la fin, emporté par une vague symbole de l'amour éternel. Sur le plan de la scénographie, la pièce s'est distinguée par une chorégraphie impeccable que l'on doit au chorégraphe irakien Talhet Samaoui. Des rythmes mouvementés portés par une musique sombre, très sombre qui plonge le spectateur dans un état d'angoisse, le même qu'éprouvent les deux amants. Après le spectacle, le responsable de la communication du TNA interviendra pour dire que l'institution a placé le programme de l'année 2009 sous le thème de la solidarité avec le peuple palestinien avec quatre nouvelles pièces en chantier qui rendront hommage à son combat. Toujours dans le cadre du programme de solidarité, le TNA organisera, chaque dimanche, des après-midi artistiques, au cours desquelles les débats aborderont la cause palestinienne. «Ces après-midi abriteront aussi des récitals de poèmes et offriront aux artistes un lieu d'expression libre», déclare le responsable. Concernant la prochaine édition du Festival du théâtre professionnel, il sera placé sous le slogan d'El Qods, affirme le responsable. «C'est en hommage à El Qods qui n'a pu être la capitale de la culture arabe 2009. Et puisque El Qods ne pourra pas venir, elle sera présente tout au long du festival, à travers ses artistes et des pièces qui lui seront dédiées», dira-t-il. Aussi, le Festival du théâtre professionnel placera son colloque annuel sous le thème «El Qods dans les œuvres artistiques arabes» e abritera également un spectacle de chorégraphie dramatique qui sera dédié à la ville martyre. W. S.