Les résultats de l'enquête Pisa 2012 se sont révélés catastrophiques pour l'exécutif français, l'Hexagone reculant de deux places par rapport à l'enquête précédente. L'information a eu l'effet d'une bombe et conduit le Premier ministre à réagir avec plus de rapidité qu'il n'en a été le cas au cours d'autres événements certainement plus graves... ponctuellement seulement. Ce qui n'est pas le cas avec le système éducatif national. Le programme Pisa est un ensemble d'études menées par l'Ocde et visant la mesure des performances des systèmes éducatifs des pays membres et non membres. Pour J. M. Ayrault, «ce recul doit servir d'électrochoc à ceux qui pensent que tout va bien», et d'en appeler à une mobilisation nationale. Une réalité, laquelle sortie de son contexte hexagonal, semble être taillée sur mesure pour l'Algérie. Non pas pour un recul du pays dans le classement du programme de l'Ocde, dans la mesure où il n'adhère pas à cette organisation, d'où logiquement le peu d'inquiétude à se faire dans le coulissement en baisse ou en hausse du niveau d'enseignement en Algérie. Plus particulièrement c'est par rapport au «penser que tout va bien» que tout Algérien, notamment celui dont les enfants vont encore à l'école, est en droit d'avoir des appréhensions. Ne pas faire partie des nations inscrites au programme Pisa n'est pas condamnable en soi, loin s'en faut, ce genre d'expérience n'étant peut-être pas aussi fiable comme le suggèrent certains spécialistes, quoique la majorité des professionnels du secteur de l'éducation, toutes nationalités confondues, est unanime à soutenir que les résultats publiés seraient «le reflet de la réalité du terrain». Cette remarque est présente dans l'étude, celle-ci nationale et donc bien algérienne, de l'initiative citoyenne Nabni, laquelle consigne, entre autres les résultats d'élèves de 8e année ayant participé en 2002-2003 à des tests de mathématiques et de sciences dans le cadre du Monitoring of learning achievement (MLA). Aux yeux des gens de Nabni, et ce par rapport aux moyennes de 38,2 et 52% respectivement dans les deux matières évoquées, d'où la conclusion d'une «très faible qualité du système éducatif». En l'absence d'une culture de l'évaluation, il coule donc de source que les performances n'étant pas connues à hauteur de tous les paliers, le système éducatif algérien ne peut que se suffire d'une navigation au petit-bonheur la chance. En plus de l'inefficience de l'enseignement en lui-même, est-il besoin alors de rappeler que les inégalités sociales pèsent à leur tour lourdement sur l'égalité des chances entre individus et le grave sujet de l'heure, en l'occurrence les cours de soutien passés de l'exception à la règle, en sont le témoignage le plus criant si ce n'est le plus scandaleux. Scandaleux également non pas parce qu'il met en compétition inégale entre elles des classes sociales mais par la pratique littéralement mafieuse d'une majorité d'enseignants qui se dérobent à des responsabilités pour lesquelles ils sont grassement rémunérés d'une part et l'immaturité et/ou sinon la passive complicité des parents d'élèves au moment où les membres des associations qui les représentent ne courent que pour leur seule progéniture. Si le discours officiel donne toute latitude aux responsables du secteur de l'Education de se gargariser à chaque rentrée scolaire du nombre croissant de nouveaux inscrits en faisant littéralement dans le matraquage médiatique notamment via les caisses de résonance que sont les médias publics, rarement et jamais inversement n'ont été évoqués les taux du décrochage scolaire souvent plus que prématuré. Sans que ces décrochages n'aient jamais été diagnostiqués et que par voie de conséquence leur soit trouvé un exutoire qui aiderait le pays à s'éviter ou du moins à s'amortir bien des déconvenues sociales. La France s'inquiète, la Corée du Sud (pays le plus performant dans le classement Pisa) rayonne, les pays nordiques ronronnent de plaisir parce qu'ils maintiennent leur (bonne) vitesse de croisière et en attendant l'Algérie toise de haut une étude internationale à laquelle elle ne croit pas. Et pour cause... A. L.