En cette veille de rentrée scolaire et universitaire 2013-2014, et de quelque point de vue que l'on se place, tout le monde s'accorde à relever les coûts élevés du système éducatif pour des résultats insuffisants. A l'instar des éléments constitutifs du régime de croissance du pays, le système éducatif a connu et connaît un développement extensif mais non intensif dont il faut admettre que les ressources humaines qui y sont formées ont, au bout du compte et assez souvent, des profils inadéquats à la fois pour le marché du travail et pour la reproduction des élites en général dont celles de son propre encadrement. Je pense qu'il s'agit là de la première source de surcoût qu'il faudra réduire sans quoi le retour sur investissement continuera d'être insuffisant. L'initiative citoyenne Nabni (www.nabni.org) dans le chapitre éducation de son rapport de référence sur les perspectives de l'économe algérienne nous livre des éléments de comparaison qui illustrent cette inadéquation structurelle entre la formation et l'emploi. Le pourcentage d'entreprises déplorant un "déficit de compétences" a été en 2007 en Algérie de 37% alors qu'elle n'est en Europe que de 14% et en Asie du Sud que de 13%. Il est vrai que les pays arabes méditerranéens ne font pas beaucoup mieux (35,7%) que nous et que l'Egypte ferme la marche avec 50%. Deuxième angle d'analyse : le renouvellement des élites par le système éducatif et d'abord pour lui-même. Mes sources proviennent cette fois-ci des statistiques données par le ministre de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique au cours de la réunion d'évaluation d'août 2011 du président de la République. Partant des effectifs des étudiants de l'année universitaire 2002-2003 qui étaient de 616 270 dont 26 280 en postgraduation, le taux d'encadrement en 2002 était d'un enseignant pour 28,4 étudiants. Pour l'année universitaire 2010-2011, il y a eu 1 250 310 étudiants ayant suivi le cycle, c'est-à-dire le double des effectifs de 2002 mais le taux d'encadrement est resté le même (un enseignant pour 28 étudiants en 2011). Dix ans après, nous nous sommes retrouvés au même point en matière d'encadrement pédagogique et scientifique, nonobstant les efforts financiers et d'infrastructures. Enfin, j'observe que cette tendance s'est maintenue pour l'année universitaire 2011-2012 avec 1 404 700 places pédagogiques. On peut mieux comprendre ainsi pourquoi les universités algériennes sont hors compétition du classement international de Shanghaï. Comme pour l'athlétisme nous ne réalisons pas les minima pour accéder aux compétitions internationales. Mais aller jusqu'à affirmer, comme le font certains, que c'est le désastre généralisé n'est pas non plus une thèse soutenable. Ainsi comme le rappelle Nabni (www.nabni.org) dans le chapitre cité de son étude le taux de scolarisation (TBS) en Algérie pour le primaire, qui est de 110,36%, est supérieur à la moyenne des pays à revenu comparable (108%). En réalité, le système éducatif algérien se contente d'assurer le minimum syndical. En plus d'être inefficace, il est coûteux pour les parents d'élèves et le budget de l'Etat. Ainsi pour en terminer avec les sources du rapport de Nabni le coût d'obtention d'un diplôme en Algérie rapporté au PIB a été de 594% en 2010 sachant que la moyenne pour les pays de l'OCDE a été de 38%. Même si j'observe que le niveau très élevé des PIB des pays de l'OCDE d'une part, et la gratuité généralisée du système algérien d'enseignement public peuvent expliquer une partie du gap, il n'en demeure pas moins que cela demeure excessif. Ainsi la Tunisie a divisé, en dix ans, par deux cette facture passant de 483% en 2000 à 203% en 2010. La voie à suivre est toute indiquée. Si l'on ajoute à cela le taux élevé de redoublement et celui de la déperdition scolaire et universitaire, on aura fait le tour de la question des gisements de surcoûts à réduire. Mais il faut bien admettre que ces difficultés pédagogiques récurrentes avaient été masquées pendant une longue période par un mauvais climat socioprofessionnel au sein du système éducatif (école, université, formation professionnelle). On pourrait conclure en contextualisant les termes de l'enjeu. Les participants au Forum économique et social du cinquantenaire, organisé les 18, 19 et 20 juin 2013 par le Cnes l'ont bien compris et l'ont formulé explicitement dans leur déclaration finale. Il y est dit que "le Forum avait inscrit comme préalable déterminant pour le nouveau régime de croissance la question du capital humain et de l'économie du savoir". Petit à petit le consensus sur les perspectives économiques se construit. Le tout est de le mettre en œuvre. Mais sans trop attendre. On verra à la prochaine conférence tripartite prévue pour ce mois de septembre 2013. M. M. Nom Adresse email