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Peut-on sécuriser un continent maintenu dans le sous-développement ?
Un sommet à Paris pour la sécurité en Afrique
Publié dans La Tribune le 06 - 12 - 2013

La France considère l'Afrique comme une chasse gardée, une zone d'influence exclusive et un prolongement naturel de sa souveraineté. En 2008, un site appelé «Les renseignements généreux», a publié une brochure dans laquelle il met à nu la responsabilité de l'Establishment français dans la misère de l'Afrique. Pour ce site, la politique africaine de la France semble désormais ne plus relever de décisions centralisées, fussent-elles inavouables, mais être le résultat aléatoire d'un «jeu de fléchettes» autour d'enjeux alléchants : le détournement de l'aide publique au développement, l'exploitation lucrative des matières premières, le financement parallèle de la vie politique française, un «terrain de jeux», de primes et de promotions pour les militaires, le blanchiment d'argent, le trafic d'armes et de drogue. La Françafrique se transforme
en une nébuleuse d'acteurs économiques, politiques et militaires, en France et en Afrique, organisée en réseaux et en lobbies, parmi lesquels nous citerons :
-Des réseaux politico-affairistes dont le néo-gaullisme constitue la «colonne vertébrale». Les plus puissants seront ceux de Charles Pasqua et de Jacques Chirac. Ce dernier réussit en 1986 à s'accaparer une grande partie des réseaux françafricains en nommant Jacques Foccart son conseiller personnel à Matignon, profitant ainsi de son «héritage» et de ses conseils. Valéry Giscard d'Estaing et François Mitterrand, dont le fils dirigea de 1986 à 1992 la cellule
africaine de l'Elysée, ont aussi développé leurs propres réseaux, articulés aux précédents. D'autres personnalités politiques ont également cherché à cultiver des réseaux françafricains, de moindre importance : Alain Madelin, Michel Rocard, Michel Roussin après son émancipation du giron chiraquien, etc. Tous ces réseaux se tissent avec une complicité entre la droite et la gauche de l'échiquier politique. Réactivés généralement à l'approche des élections, ils permettent -entre autres- le financement occulte de partis politiques.
- La cellule africaine de l'Elysée et le COS (Commandement des opérations spéciales), deux structures directement reliées au président de la République et agissant en dehors de tout contrôle démocratique.
- Les principaux services secrets. La Dgse (contre-espionnage) est très présente en Afrique, mais aussi la DRM (renseignement militaire), la DST (surveillance du territoire), le Sctip (coopération et renseignement policiers au service des ministres de l'Intérieur), ou encore la Dpsd (sécurité militaire), des membres de celle-ci s'étant illustrés dans le trafic d'armes et le recrutement de mercenaires. En France, le fonctionnement et le financement de ces services restent opaques, sans contrôle démocratique.
- Le lobby militaire. Le haut état-major français est majoritairement constitué d'officiers ayant fait une carrière accélérée en Afrique. Pour ces derniers, il est hors de question que l'armée française se détache d'une Afrique qui constitue en quelque sorte leur identité, la source de nombreux privilèges.
- Des multinationales aux stratégies de monopole : TotalFinaElf, Bouygues et Suez (BTP, eau), Bolloré (transports), Rougier (bois), Pinault (distribution), Castel (boissons), etc.
- L'extrême droite et les mercenaires. Les passerelles sont nombreuses entre des sociétés de mercenaires agissant en Afrique et le fameux «Département protection sécurité» (DPS) du Front national. Notons le recours de plus en plus fréquent aux sociétés de mercenaires, dotées d'armement lourd, dans les «zones grises» de la planète - dont beaucoup en Afrique.
- Un certain nombre d'excroissances de la franc-maçonnerie, notamment la Grande loge nationale française (Glnf). Située très à droite, c'est la seule grande obédience française rattachée à la très puissante franc-maçonnerie américaine. Presque tous les «présidents» agréés par la Françafrique y ont été initiés (Bongo, Sassou N'Guesso, Biya, Déby, Compaoré...) ainsi qu'un panel de plus en plus déterminant de personnalités françaises de la politique, la finance, les industries sensibles, l'armée, les services secrets, les médias (TF1 en tête), la justice.
Pour gérer autant d'actions illégales et générer, faire circuler et répartir autant d'argent sale, il faut des réseaux d'initiés, habitués au secret.
Ajoutons enfin des ONG de façade, des trafiquants en tout genre et bien sûr la mafia transnationale : dans un contexte de concurrence exacerbée entre grandes puissances, la criminalité financière et internationale (russe, israélienne, libanaise, chinoise, américaine) convoite à son tour le continent africain, drainant un cortège de marchands d'armes, intermédiaires, spéculateurs, trafiquants, blanchisseurs d'argent, etc. Ces réseaux s'entremêlent. Gage d'assistance mutuelle et d'omerta, des «solidarités» se sont tissées entre la classe politique, la hiérarchie militaire, les Services, la justice, les médias, les groupes industriels, la haute finance, les administrations. En témoigne le parcours de certains acteurs incontournables de la Françafrique, tel Michel Roussin, ancien n°2 de la Dgse, proche de la Glnf, directeur du cabinet de Jacques Chirac à la mairie de Paris (et à ce titre mis en cause dans la gigantesque razzia sur les marchés publics franciliens), ministre de la Coopération en 1993, haut responsable du groupe français Bolloré (qui a, entre autres, le monopole des transports en Afrique francophone), «Monsieur Afrique» du Medef.
Ou encore Jérôme Monod, ancien P-dg de Suez-Lyonnaise des eaux, ancien secrétaire général du RPR, éminence grise de Jacques Chirac, expert à la Banque mondiale. Citons également Bernard Courcelle, ancien membre du groupe 11 (ELF en allemand), groupe de mercenariat actif en Afrique, ancien responsable de la sécurité du groupe Luchaire (qui fournit des armes à l'Irak et l'Iran).
De 1990 à 1993, il est chargé de la sécurité du musée d'Orsay (où Anne Pingeot, madame Mitterrand bis, est conservatrice), puis, en 1994, il devient directeur du DPS de Jean-Marie Le Pen, avant d'être brièvement directeur de la garde-présidentielle du président congolais (Congo-Brazzaville) Denis Sassou Nguesso, et, enfin, chargé de la sécurité des installations pétrolières françaises au Gabon. Nous pourrions multiplier les exemples.
L'indépendance de l'Afrique en question
Ces révélations sont implacables. Elles réduisent à néant le discours humanistes
de l'Elysée qui fait de la démocratie, des droits de l'Homme et des valeurs humaines les seules motivations de ses interventions multiples en Afrique et de la présence de ses forces armées dans différentes régions d'Afrique. En termes simples, la France défend ses intérêts au détriment des intérêts des Africains. L'indépendance formelle de beaucoup de pays africains, n'a rien changé à la situation de domination de la France et aux pillages de leurs richesses qui déshéritent les peuples et les maintiennent dans un état de sous-développement chronique. Plus de cinquante ans après le début de ce processus néocolonial, les régimes africains qui continuent à livrer leurs pays à la France sont les
seuls responsables de l'état d'arriération des sociétés africaines. Le Tchad, la Côte d'Ivoire, le Mali, le Niger, le Congo, la Centrafrique, Djibouti, le Burundi, le Rwanda... sont autant d'exemples de régimes qui s'accommodent de la tutelle française et la réclament à tue-tête. Maintenir ces pays dans le sous-développement semble être une option stratégique de ces régimes vassaux et de la France, afin de ne pas mettre en péril les intérêts immenses qui sont en jeu. L'émancipation des peuples constitue un risque pour les multinationales
et les puissances occidentales qui dépensent des fortunes dans l'armement des protagonistes africains pour nourrir les guerres interethniques, inter-communautés et entre pays africains alors que ces mêmes sommes auraient pu servir à scolariser des millions d'enfants, à soigner des millions de malades et à nourrir des millions d'affamés. La responsabilité des régimes africains dans cet état de fait est encore plus importante que celle de la France. Hier, s'est ouvert à Paris le sommet France-Afrique dont les travaux sont occultés par le décès d'un géant d'Afrique, Nelson Mandela. Madiba hantera à jamais la mauvaise conscience des dictateurs et autres responsables africains qui n'ont jamais été au service de leur pays comme le fut Mandela. Une quarantaine de dirigeants africains sont présents à ce sommet dont le thème central est la sécurité en Afrique. Mais il s'agit de la sécurité de qui ? De la France ou de l'Afrique ? Après le Mali, c'est au tour de la République centrafricaine d'ouvrir ses portes à l'armée française qui s'est déployée depuis jeudi dernier dans certains quartiers de Bangui. Accusée de jouer au «gendarme» dans son pré carré, la France se défend en soulignant que, contrairement au passé, au Mali comme
en Centrafrique, son action a reçu le soutien de l'Union africaine (UA), de l'Union européenne (UE) et de l'ONU, représentées au plus haut niveau au sommet «Pour la Paix et la Sécurité en Afrique». Désormais, le néocolonialisme est légitimé par un mandat du Conseil de sécurité et par le soutien des organismes
internationaux. Cependant, si la France peut se permettre d'intervenir en Afrique, c'est aussi parce que l'Union africaine est incapable de mettre en place une force d'intervention à même de prévenir tous les conflits qui déstabilisent beaucoup de pays d'Afrique. Laurent Fabius peut donc jaser sur cette réalité et dire que «c'est aux Africains d'assurer leur sécurité. Malheureusement beaucoup de ces pays ne disposent pas des forces nécessaires et le continent africain jusqu'à présent n'a pas pu s'organiser pour qu'il y ait une force commune». Pourtant, le projet d'une force africaine a été annoncé en mai dernier lors du sommet d'Addis Abeba mais rien de concret n'a été fait. Tant que l'Afrique ne prend pas en charge ses problèmes de sécurité et de stabilité, d'autres puissances étrangères le feront mais contre un coût très lourd et que les Africains payeront.
A. G.
Le «réseau Pasqua»
Omniprésent dans les ouvrages consacrés à la Françafrique, le «réseau Pasqua» était considéré dans les années 80 comme l'un des plus puissants réseaux d'influence de la Ve République française. Activiste du parti gaulliste, le RPF, puis du RPR, Charles Pasqua était un proche de Jacques Foccart, avec qui il fonda le tristement célèbre Service d'action civique (SAC). Ministre de l'Intérieur de 1986 à 1988, puis de 1993 à 1995, il a contribué à créer la Sofremi, Société française d'exportation du ministère de l'Intérieur, dont les actionnaires étaient l'Etat, Thomson et Alcatel. La Sofremi était spécialisée dans les ventes d'armes et fut impliquée dans l'Angolagate via l'un de ses intermédiaires, Pierre Falcone.
Le fils de Charles Pasqua, Pierre-Philippe Pasqua, était lui-même spécialisé dans les ventes d'armes, via la société Cecri. Le «réseau Pasqua» était actif au sein de l'entreprise Elf, via Alfred Sirven, proche des services secrets, ou encore André Tarallo, tous deux mis en cause dans l'affaire Elf et accusés d'avoir détourné des centaines de millions de francs. Citons le rapport de la mission d'information parlementaire pétrole et éthique, qui en 1999 précisait que «les réseaux de M. Charles Pasqua restent très actifs et intéressent fortement les gouvernements africains [...] Les corses sont très présents dans la police, l'armée, la criminalité organisée, le personnel politique. Ils étaient représentés par André Tarallo dans le domaine du pétrole et par M. Bernard Dominici au ministère des Affaires étrangères». Charles Pasqua était un intime des frères Feliciaggi, hommes d'affaires corses spécialisés dans les loteries et casinos, en France comme en Afrique. Robert Feliciaggi est notamment impliqué dans l'affaire du casino d'Annemasse : il aurait financé la campagne européenne de Charles Pasqua en échange d'une autorisation d'implanter ce casino. Les frères Feliciaggi étaient eux-mêmes en relation étroite avec Nadhmi Auchi, banquier pionnier de l'interconnexion des paradis fiscaux, ancien actionnaire n°1 de la BNP Paribas et n°5 d'Elf, principal actionnaire de la Banque continentale du Luxembourg, réputée pour ses opérations de blanchiment, qui est aussi la banque du Hutu Power, le parti génocidaire rwandais. Président du Conseil général des Hauts de Seine pendant presque 20 ans, Charles Pasqua avait constitué, avec Elf, Bouygues, la Générale des eaux et la Lyonnaise des eaux, une Société d'économie mixte baptisée Coopération 92.
Au titre de la coopération décentralisée, cette société recevait 1% du budget départemental, soit 70 millions de francs par an, pour des destinations troubles. Enfin, Charles Pasqua avait tissé de nombreuses relations avec les potentats africains. Dans Le Monde du 4 mars 1995, il déclarait : «Je suis copain avec tous les chefs d'Etat africains. J'ai avec eux des relations directes.» Charles Pasqua a enfin contribué à la carrière politique de Nicolas Sarkozy, devenu lui aussi président du Conseil général des Hauts de Seine, puis ministre de l'Intérieur.


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