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LA FIN DE LA FRAN�AFRIQUE N�EST PAS POUR DEMAIN
Bongo aurait financ� la droite comme la gauche
Publié dans Le Soir d'Algérie le 13 - 06 - 2009

Le pr�sident fran�ais, Nicolas Sarkozy, se d�placera lui-m�me aux obs�ques d�Omar Bongo, qui se d�rouleront mardi 16 juin � Libreville, la capitale gabonaise. Il n�est pas encore enterr� qu�une vaste pol�mique sur la Fran�afrique et ses r�seaux opaques refait surface. El hadj Bongo arrosait les hommes politiques de droite comme de gauche et c�est ce qui l�a maintenu au pouvoir, avouent des politiques des deux camps. Il n�est pas dit, loin s�en faut, que ce syst�me prenne fin. Et pourtant, dans son programme de politique internationale, Sarkozy avait longuement dissert� sur la fin de la Fran�afrique.
De notre bureau de Paris, Khadidja Baba-Ahmed
D�s l�annonce officielle de la mort de Omar Bongo, les langues ont commenc� � se d�lier sur les liens obscurs qu�a toujours entretenus le pouvoir fran�ais avec certains r�gimes africains. Aussi paradoxal que cela puisse para�tre, le premier tir est venu de l�ancien pr�sident fran�ais, Val�ry Giscardd�Estaing dont la campagne pour la pr�sidentielle de 1981, entach�e alors par l�affaire des diamants que lui avait offerts Bokassa, pr�sident centre-africain de l��poque, s��tait sold�e par un cuisant �chec. Giscard, que les Fran�ais associent toujours � ce scandale des diamants, r�v�lait mardi sur Europe 1, qu�Omar Bongo avait soutenu financi�rement Jacques Chirac, son adversaire, lors de sa campagne pr�sidentielle de 1981. Il n�en fallait pas plus pour que la pol�mique s�amplifie. Le mis en cause, Jacques Chirac, a tr�s vite r�torqu� et d�nonc� �des affirmations d�nu�es de tout fondement�, qualifiant les r�v�lations de Giscard de propos qui ne rel�vent �que d�une m�diocre pol�mique�. L�ancien ministre de l�Int�rieur Charles Pasqua, qui, lui aussi, n��tait pas �tranger � ce qui est toujours appel� les �r�seaux africains � ou la fran�afrique et qui fut m�l� � l�affaire Elf puis a b�n�fici� d�un non-lieu, est venu au secours de Chirac, affirmant : �Comment est-ce qu�il (Giscard, ndlr) peut dire �a ? S�il a des �l�ments de preuve, il faut qu�il les donne� on ne doit pas se laisser aller � tenir ce genre de propos qui rel�vent de la basse insinuation, de la calomnie � Que Omar Bongo ait eu de l'amiti� pour certains, c'est probable. Il avait des amis aussi bien � droite qu'� gauche, d'ailleurs. Mais �a s'arr�te l�. Je n'ai jamais entendu, y compris par Bongo, qu'il aidait financi�rement tel ou tel.� L�ancien monsieur Afrique de Jacques Chirac (de 2002 � 2007), Michel Bonnecorse, qui a r�fut� la d�claration de Giscard, a dans le m�me temps admis qu�Omar Bongo ne se cachait pas d�avoir dans le pass� aid� les partis tous azimuts. Et pour couronner le tout, Roland Dumas, ancien ministre socialiste des Affaires �trang�res � qui un journaliste demandait : �Omar Bongo finan�ait-il, comme il s�en vantait parfois, les partis politiques fran�ais ?�, eut cette r�ponse qui en dit long sur l�arrosage de tous les pouvoirs fran�ais, et qui plus est, pas seulement par le pouvoir gabonais : �S�il l�a dit, c�est qu�il y a une part de v�rit�. Je connaissais Bongo depuis cinquante ans. C��tait un ami et nous avons toujours travaill� en bonne intelligence. Mais je n��tais pas l�, moi, pour porter les valises. Et bien d�autres pays ont proc�d� � de tels financements. La diff�rence avec Omar Bongo, c�est qu�il r�partissait �quitablement la manne : chaque parti �tait servi.�. C�est donc cet arrosage de tous les pouvoirs fran�ais successifs, avec les revenus p�troliers dont les citoyens gabonais �taient priv�s, qui a aid� Bongo, que tous, � droite comme � gauche, s�accordent � d�crire comme un sage, � rester au pouvoir pendant plus de 41 ans. C�est justement ce qui a fait r�agir la nouvelle d�put�e d�Europe Ecologie et ancienne magistrate Eva Joly qui a estim� que : �C��tait un pr�sident qui n�avait pas le souci de ses citoyens. Il a bien servi les int�r�ts de la France et des hommes politiques fran�ais. La manne p�troli�re n�a pas profit� aux Gabonais. La France a une grande dette envers le Gabon pour avoir maintenu au pouvoir pendant toutes ces ann�es Omar Bongo�. Eva Joly ne parle pas en l�air, elle qui a eu � traiter de l�affaire Elf, de ses ramifications gabonaises et d�y d�couvrir, � cette occasion, les relais de la Fran�afrique o� s�entrem�lent les Etats africains corrompus, leurs parrains fran�ais et autres lobbys d�hommes d�affaires qui ont fait prosp�rer leurs business. Bongo a �t� consid�r� comme le pilier de cette Fran�afrique. Sa mort ne va s�rement pas sonner le glas de cette pratique institu�e en syst�me. Ali Bongo, ministre de la D�fense, le fils de Omar Bongo qui a su pr�server la dynastie, continuera � faire, � n�en pas douter, les jours heureux de ces relations si particuli�res avec le pouvoir de l�ancienne colonie, pourvu que cette derni�re l�aide � sortir des urnes lors de la prochaine pr�sidentielle. A moins que� les Gabonais ne d�cident enfin de donner une odeur et une couleur gabonaises � leur p�trole.


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