De notre correspondant à Béjaïa Kamel Amghar Officiellement, la politique publique en matière de sports est tournée résolument vers la formation. Depuis au moins une année, le ministère de tutelle et les directions de wilaya qui lui sont affiliées ne cessent de marteler que les subventions étatiques iront en priorité aux écoles et aux clubs formateurs. L'accent a été ainsi mis sur la réhabilitation du sport scolaire et la relance de l'animation de proximité au niveau des quartiers populaires et des villages éloignés. Les responsables, à tous les niveaux de la hiérarchie, promettent d'œuvrer pour garantir l'avenir et s'engagent à récompenser la performance et les bons résultats. Comme quoi, une équipe qui gagne sera mieux «encouragée» que celle qui fait de la figuration. La stratégie a, en effet, de quoi plaire aux techniciens, aux dirigeants et aux «petits» talents qui cravachent en silence à la base. Evidemment, cette profession de foi a suscité l'enthousiasme de nombreuses formations à Béjaïa. Seulement, on est toujours loin de la coupe aux lèvres. Les sélections locales de volley-ball, de handball, d'athlétisme et des arts martiaux, qui réalisent de bonnes moissons à chaque fin de saison, attendent toujours les moyens tant promis. La majorité de ces clubs, pourtant bien titrés, fait face à d'épineuses crises financières et à l'absence d'équipements sportifs en adéquation avec leurs ambitions. Les communes, la wilaya, la DJS et l'APW tardent à leur venir au secours. Les demandes de subventions s'accumulent un peu partout et l'attribution des budgets consacrés à ce chapitre tarde à se faire. Des équipes engagées dans des compétitions internationales n'arrivent pas à effectuer leurs stages dans cette perspective. C'est le cas de le dire pour les volleyeurs du MBB, détenteurs de la Coupe d'Algérie 2008, qui s'apprêtent à participer à la Coupe arabe des clubs prévue au mois de février prochain à Damas. Abdelkrim Boudjeloud, le président du Machaal, a lancé récemment un appel pathétique aux autorités locales afin de permettre à sa formation de prendre part à un tournoi préparatif en Tunisie. D'autres prestigieux clubs de volley-ball, comme le NCB, l'ASWB, le RC Seddouk et l'OJ El Kseur, croulent également sous le poids des dettes. Pour ces mêmes raisons, des écoles comme le CRB Darguina et le CRB Aokas ont carrément disparu. D'illustres écoles de boxe, comme celle de Timezrit, affichent aussi un profil bas par manque de moyens. Ce déficit de trésorerie touche, par ailleurs, toutes les équipes qui évoluent dans les petites localités. N'ayant pas de recettes fiscales considérables, les communes enclavées de l'arrière-pays ne consacrent que des enveloppes symboliques à la pratique sportive. Les handballeuses de la JSA Ouzellaguen, en dépit des prouesses réalisées, sont éternellement pénalisées par cette situation. Le Handball club béjaoui (HCB) fait aussi des économies de bouts de chandelle pour survivre. Les écoles d'athlétisme de Souk El Thenine (CRBSET), d'Amizour, de Lota, de Draa El Gaïd et de Boudjellil, véritables pépinières de la discipline, tiennent difficilement la barre. En reconnaissant le mérite de tous ces clubs, l'administration promet, comme à l'accoutumée, de mettre la main à la poche, mais, à force d'attendre, les concernés croient de moins en moins aux professions de foi de l'administration. La réfection et la modernisation des salles existantes, la construction de nouvelles infrastructures, l'encouragement et le suivi de la relève sont les maîtres mots dans les interventions des officiels mais, concrètement, les mêmes contraintes sont toujours là. Les autorités concernées sont interpellées pour faire preuve de pragmatisme et agir réellement au profit de cette relève qui fait aujourd'hui cruellement défaut au mouvement sportif national.