Merzak Meneceur Condamnée en Algérie, la blague, pour certains, la plaisanterie ou boutade pour d'autres, prononcée par le président Hollande devant le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), est considérée maintenant à Paris comme un incident clos, suite aux «sincères regrets» exprimés par l'auteur de la «perle» et acceptés par Alger. «Y a-t-il pire humiliation que de devoir se lancer dans des explications alambiquées au sortir d'une blague incomprise ? Telle est la peine qu'ont infligé les autorités algériennes à François Hollande», estime le journal Le Monde dans son édition datée de mardi. C'est la première fois que Hollande, connu pour son sens de l'humour et son usage répétitif de plaisanteries, est passé à côté de la plaque, jusqu'à créer un incident diplomatique avec un pays qu'il dit aimer et avec qui les relations n'ont peut-être jamais été aussi excellentes depuis son indépendance en 1962. Condamnée en Algérie, la «sortie» de Hollande a alimenté la chronique du week-end français et suscité de multiples réactions allant presque toutes dans le sens de la condamnation. Les nombreuses réactions de personnalités politiques ont trouvé la plus grande des virulences chez le co-président du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon, qui a Twitté : «L'Ivresse communautariste du dîner a grisé. Mais c'est nous qui avons la nausée.» L'opposition de droite s'est délectée, d'autant que pour elle tout est bon pour discréditer le pouvoir à l'approche des élections municipales de mars prochain. Pour l'UMP et consorts, il s'agit de railler le manque de sérieux du chef de l'Etat. Le président du groupe des députés de l'UMP à l'Assemblée nationale, Christian Jacob s'est demandé : «Si les excuses ne sont pas pires que la réalité de cette petite blague.» «On pourrait espérer que pour 2014 le président de la République quitte enfin des habits de petit blagueur pour devenir le président de la République.» «Sur un thème aussi important que la relation de la France avec l'Algérie, l'exigence de la fonction présidentielle n'autorise pas une formule aussi déplacée», a estimé le président de l'UMP, Jean François Copé, qui a évoqué un «dérapage verbal» et «une formule déplacée». Parmi les multiples autres réactions de la droite, il y a celle de Salima Saa, conseillère politique de l'UMP, qui a publié un communiqué d'une grande sévérité à l'égard de son chef d'Etat. «François Hollande a insulté le peuple et les dirigeants d'Algérie (...) l'incapacité de François Hollande à contrôler ses ‘'petites blagues'' est consternante. Elle fait de lui un chef d'Etat gadget qui ne comprend pas le grand impact des paroles sur les relations internationales (...) François Hollande doit ses plus plates excuses au peuple algérien.» Mais, Hollande n'est pas seul en vaste campagne dans une affaire devenue en quelque sorte franco-française, connaissant les sentiments à l'égard de l'Algérie de certaines personnalités qui ont lancé des «missiles» contre le locataire actuel de l'Elysée. L'un de ses défenseurs est son propre ministre du Travail, Michel Sapin, qui s'est élevé contre «les responsables de l'opposition qui sautent sur n'importe quoi pour faire n'importe quel commentaire. Si vous voulez que je vous rappelle, a-t-il ajouté, quand Nicolas Sarkozy a parlé de l'homme africain». En 2007, l'ancien Président avait déclaré à Dakar que le «drame de l'Afrique» était que «l'homme africain n'est pas assez entré dans l'histoire». Mais Sapin pousse un peu loin le bouchon en minimisant les propos tenus par Hollande devant le Crif. Pour lui «il n'y avait même pas de blague». Il a cependant ajouté qu'il était «indispensable que François Hollande s'explique, les Algériens ont toujours eu une sensibilité liée à l'histoire, que je comprends». M. M.