Les résultats catastrophiques enregistrés par l'éducation nationale à l'issue de ce premier trimestre ne sont pas étonnants et ce serait faire preuve de mauvaise foi que de prétendre le contraire. Tout le monde sait que l'école algérienne est au fond du gouffre et que les élèves continuent de jouer les cobayes de politiques incertaines que l'éducation nationale mène depuis de très nombreuses années. Parents d'élèves et enseignants ont eu beau protester, s'indigner, menacer, rien n'y fait et les conséquences des décisions contestables des responsables -au-delà de leur identité- se constatent dans les faits : déperdition scolaire annuelle anormalement élevée (elle est estimée à quelque 500 000 élèves), niveau très moyen des lycéens qui accèdent à l'université, implication de plus en plus importante de mineurs dans la délinquance et la criminalité... A tout cela, s'ajoute l'échec de la formation professionnelle à offrir aux exclus de l'école des alternatives convaincantes et viables dans un environnement économique pourtant très demandeur de main-d'œuvre qualifiée. Naturellement, dans ce contexte de crise, n'importe quelle grève d'enseignants ou de personnels de l'éducation complique la situation et compromet l'avenir des élèves scolarisés qui n'arrivent déjà pas à assumer un programme très chargé. Le moindre débrayage des enseignants -aussi justifié qu'il puisse être- engendre fatalement un retard dans les cours et astreint les élèves à prendre sur leurs vacances d'hiver pour rattraper ce qui peut l'être. C'est ainsi que la grève du Cnapest-élargi, qui a paralysé de nombreux établissements des trois paliers entre le 7 et le 21 octobre dernier, a abouti sur un programme de rattrapage conclu entre le syndicat et le secteur de l'éducation portant sur la première semaine des vacances d'hiver. Ce qui, pour beaucoup, est considéré comme une atteinte aux droits des élèves qui paient les frais de «l'incompétence des deux parties en conflit» à trouver un terrain d'entente et régler l'ensemble des points litigieux. Le retard ainsi enregistré cette année aurait été le premier du genre, personne n'y aurait trouvé à redire, les enseignants étant en droit de revendiquer de meilleures conditions de travail et de vie. Mais que les grèves soient aussi récurrentes pour les besoins d'une même plateforme de revendications, beaucoup de parents d'élèves y voient un abus qui ne dit pas son nom. Pour ces parents d'élèves comme pour de nombreux enseignants, il est temps que les pouvoirs publics et les syndicats s'accordent sur le fait que seul l'avenir de l'élève compte, et trouvent, une fois pour toutes, les solutions aux problèmes qui se posent. Le pays ne peut pas se permettre le luxe de voir le secteur de l'éducation paralysé de la sorte et l'avenir de plusieurs générations d'Algériens compromis faute d'arrangement entre administration et administrés. S. O. A.