Les terribles attentats à la voiture piégée avec leurs corollaires de victimes, de destructions et de traumatismes se suivent avec un rythme régulier au Liban. Le conflit qui déchire la Syrie voisine ne pouvait évidement ne pas toucher le pays du cèdre qui entretient des rapports très particuliers avec son grand voisin. Cette fois-ci c'est un conseiller de l'ancien Premier ministre Saad Hariri qui a été victime d'un attentat à la voiture piégée survenu au cœur de la capitale libanaise, Beyrouth. Cet attentat marque ainsi une nouvelle escalade dans ce pays dont la classe politique reste divisée par le conflit syrien. Quatre autres personnes ont également péri dans cette puissante explosion ressentie à travers la capitale libanaise et qui a dévasté une des artères du centre-ville, particulièrement fréquentée en cette période des fêtes. Mohammad Chatah, était un ancien ministre et ex-ambassadeur du Liban à Washington. Cette puissante explosion aura fait plus de cinquante blessés, dont plusieurs dans un état grave. Des voitures et des corps en flammes, des ambulances sur place pour secourir les blessés dans une panique indescriptible. Des images horribles devenues habituelles à Beyrouth et dans d'autres villes du pays du cèdre. Chatah, 62 ans, se dirigeait au moment de l'explosion vers la maison de Saad Hariri pour prendre part à une réunion de la Coalition du 14-Mars. Depuis l'été, Beyrouth a été frappé par plusieurs attentats visant pour la plupart le mouvement de résistance Hezbollah. Ce dernier est actuellement la cible d'une pression terrible de ses détracteurs sous influences étrangères. Le dernier attentat en date, revendiqué par un groupe lié à Al Qaïda, remonte au 19 novembre lorsque plusieurs explosions avaient visé l'ambassade d'Iran, située dans un fief du Hezbollah à Beyrouth, faisant 25 morts. Le 23 août, un double attentat à la voiture piégée contre deux mosquées sunnites avait fait 45 morts à Tripoli, la grande ville du nord du Liban. Le pays du cèdre traumatisé par la guerre civile de 1975 à 1990, est touché de plein fouet par le conflit syrien. La question syrienne, au cœur de clivages géopolitiques qui engagent plusieurs puissances agissantes et Israël, se déverse progressivement chez le voisin libanais, malgré la position officielle de distanciation prônée par Beyrouth. Depuis l'intervention du Hezbollah dans le conflit syrien le clivage interlibanais s'est particulièrement exacerbé. De 2005 à 2012 le Liban a été secoué par une série d'attentats et d'assassinats visant des hommes politiques, des journalistes ainsi que des responsables de l'armée et de la police. En octobre 2012, un attentat avait notamment visé le chef des renseignements, le général Wissam al-Hassan, proche de Saad Hariri. L'attentat d'hier n'est pas sans rappeler celui qui avait visé en plein Beyrouth le 14 février 2005 l'ex-Premier ministre Rafic Hariri. Vingt-deux personnes avaient péri dans cette attaque suicide. Le procès, ultra politisé, des responsables présumés de cet assassinat devrait débuter le 16 janvier 2014. M. B./Agences