Apres les révélations du leader du Hezbollah, Hassan Nasrallah, que des membres de son parti allaient être mis en cause par le tribunal de l'ONU dans l'assassinat de Rafic Hariri, le pays du cèdre risque de rentrer dans une phase de turbulences menaçante. Le chef du Hezbollah a pourtant confirmé des spéculations qui allaient bon train depuis des mois au Liban. Il a ainsi révélé avoir été informé par le Premier ministre Saad Hariri, que des membres «indisciplinés» de son parti allaient être mis en cause par le Tribunal spécial pour le Liban (TSL) dans l'assassinat de son père, l'ancien Premier ministre Rafic Hariri tué en 2005. Créé en 2007 par une résolution du Conseil de sécurité des Nations unies, le TSL est chargé de juger les auteurs présumés d'attaques au Liban, dont l'assassinat de Rafic Hariri. Les médias du pays s'inquiètent déjà des répercussions de l'annonce de Hassan Nasrallah sur la situation dans le pays, et surtout de l'éventualité que l'acte d'accusation, attendu entre «septembre et décembre», vienne confirmer ce scénario. «La crainte aujourd'hui est la menace d'une explosion dans un lieu de prière de la banlieue sud de Beyrouth [...], d'une attaque contre un hôpital dans une région chiite de Beyrouth», écrivait Al Akhbar, journal proche de l'opposition. Nasrallah a lui-même affirmé que le Liban entrait «dans une phase délicate». Rafic Hariri, ancien Premier ministre, a été tué avec 22 autres personnes dans un attentat à la camionnette piégée à Beyrouth le 14 février 2005. Son assassinat a été vécu comme un événement tragique et a été précurseur du retrait des troupes syriennes du pays. La Syrie avait été désignée comme l'instigateur de la mort de l'ex-Premier ministre. Les deux premiers rapports de la commission d'enquête de l'ONU avaient conclu à des «preuves convergentes» mettant en cause les renseignements syriens et libanais. Beaucoup craignent un remake des événements de mai 2008, lorsque deux décisions du gouvernement, dominé par le camp de Saad Hariri, sont interprétées comme un complot contre le parti de Nassrallah. Le Hezbollah, mouvement populaire au Liban, avait opéré alors à Beyrouth une action pour protéger son système de télécommunications. L'action a été interprétée comme un véritable coup de force. Le pays s'était embrasé pendant une semaine, avec un bilan de 100 morts. Pour les analystes du dossier libanais, le rapprochement qui s'opère depuis l'arrivée de Saad Hariri au pouvoir avec le puissant voisin syrien reste un verrou pour empêcher un dérapage sécuritaire. La famille Hariri avait accusé indirectement Damas d'être partie prenante dans l'assassinat du père et les relations syro-libanaises se sont exacerbées. R. I.