L'opération Serval n'a pas mis un terme à la menace terroriste dans le nord du Mali même si elle en a réduit les capacités de nuisance et de mobilité. Néanmoins, les groupes djihadistes alliés objectivement à tous les groupes de trafiquants dans la région du Sahel, eux-mêmes liés à des lobbies puissants aussi bien au sein d'institutions au Mali, au Niger et en Mauritanie, ont réussi à se restructurer et s'agglomérer autour de Mokhtar Belmokhtar qui a atteint ses objectifs consistant à contrôler l'organisation d'Aqmi dans la région du Sahel mettant ainsi un terme à la mainmise de Droukdel qui se serait réfugié dans la région est des Aurès-Nememcha tant l'étau s'est resserré contre lui et son état-major en Kabylie. La venue du président malien, fraîchement élu, à Alger marque-t-elle une nouvelle dynamique entre l'Algérie et le Mali pour engager une réelle et sincère coopération dans la lutte antiterroriste et, au-delà, mettre en œuvre le plan de développement des zones frontalières ? La partie malienne estime pour sa part que «le moment est venu pour les Etats du Sahel de s'attaquer vigoureusement aux menaces auxquelles il (Sahel) fait face», ajoutant qu'«aucun Etat de la région du Sahel, seul, ne peut faire face à ces menaces». Lors de cette visite de deux jours au moins, les discussions entre les responsables algériens et maliens seront dominées par la «coopération sous-régionale dans le domaine sécuritaire». Une source diplomatique malienne a précisé que cette visite «est synonyme du grand retour de l'Algérie dans la recherche d'une solution à la question du nord Mali». La question du nord du Mali n'est pas uniquement liée à la lutte antiterroriste. Le déséquilibre régional et le sentiment d'exclusion que ressentent les populations du Nord, expliquent en partie la menace sur l'intégrité territoriale du pays et sa stabilité politique et sécuritaire. Les gouvernements précédents ont refusé de mettre en œuvre les différents accords conclus entre Bamako et les communautés touaregs, peuls et arabes qui peuplent le nord du fleuve Niger. Il a suffi que la Libye éclate pour que les armes du régime se retrouvent entre les mains des groupes armés terroristes et des groupes opposés à Bamako et représentants les populations du Nord. Ce sont ces derniers qui sollicitent aujourd'hui, une fois encore, la médiation algérienne pour aboutir à un accord qui garantisse les droits politiques et économiques des habitants du Nord. Manifestement, le Président malien a changé d'attitude en s'adressant à Alger pour en faire un médiateur dans la crise politique sévissant dans le nord du pays. Selon toute vraisemblance, il s'entretiendra avec les autorités algériennes de la possibilité d'entamer des négociations avec les groupes armés. Or, il y a quelques temps, il avait déclaré haut et fort que les négociations pour un accord définitif de sortie de crise se feront exclusivement au Mali et qu'il ne négociera pas avec les groupes armés tant qu'ils n'auront pas déposé les armes. Autant dire qu'il s'agit d'une volte-face aux dires de certains observateurs politiques. Lesquels vont loin dans leurs analyses en affirmant que cette éventualité pourrait sous-entendre que la sortie de crise ne se négocierait plus à Ouagadougou où les accords préliminaires avaient pourtant été signés en juin 2013. Déjà, avant même l'arrivée du président IBK à Alger, une réunion informelle s'est tenue dans la semaine avec les groupes armés dans la capitale algérienne. Cette rencontre visait à permettre aux groupes armés, notamment le Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (Hcua) et le Mouvement national de libération de l'Azawad (Mnla), de rapprocher leurs vues. De fait, il s'agit d'un retour de l'Algérie dans la résolution de la crise malienne. Vraisemblablement, ce retour a été facilité par le Secrétaire général des Nations unies, dont le représentant spécial, Bert Koernders, avait salué la semaine dernière le rôle déterminant de l'Algérie en faveur de la paix et de la réconciliation au Mali. A. G.