A. Lemili Il semble clairement acquis pour Mohamed Taleb Cherif, président du Parti national pour la solidarité et le développement (Pnsd), de ne pas faire de la candidature d'Abdelaziz Bouteflika un préalable pour tout candidat souhaitant postuler ou non à l'élection d'avril prochain. En ce qui le concerne, il n'a fait que répondre à un plébiscite des membres du congrès, d'une part, et de la direction politique du Pnsd d'autre part. «Pour moi cela relève d'un double devoir, celui de répondre à la confiance placée en moi par les cadres et militants du parti mais également d'un devoir absolu à l'endroit de l'Algérie.» Bien entendu et compte tenu des réalités, il paraîtrait pour le moins incongru qu'il n'y ait pas de préalable pour tout candidat, d'autant plus si celui-ci appelle à des changements profonds dans la conduite des affaires du pays et dans la nature même des institutions sur lesquelles repose l'Etat. Pour le président du Pnsd, axialement son projet se situe à hauteur «...de la nature même du mode de gouvernance politique, la priorité étant de mettre un terme au régime de super-président actuel et l'inouïe concentration des pouvoirs entre les mains d'un homme qui fait que nous ne soyons plus en régime démocratique mais littéralement autocratique», a-t-il souligné. «Au Pnsd, nous préconisons bien entendu un régime semi-présidentiel et forcément la séparation des pouvoirs. C'est ce que nous mettrons en pratique si le peuple nous investit le 17 avril prochain, comme nous procèderons à une révision profonde de la Constitution et à la dissolution de l'actuel Parlement et, par voie de conséquences, des législatives anticipées six mois après l'élection au cas où l'urne nous serait favorable. Cela dit, sur le plan économique, nous avons fait le choix depuis des années de ce qui est communément qualifiée de troisième voie et qui consiste en l'option vers un capitalisme soft tel qu'il en a été fait l'expérience par le chancelier Schroeder avec les résultats positifs connus et surtout le boom économique qui a propulsé la nation allemande en tant que première puissance économique européenne, d'une part, et pays le plus stable sur le plan politique en raison d'une politique sociale cohérente et à visage humain à laquelle le peuple et les partis politiques toutes sensibilités confondues adhèrent à l'unanimité.» Il rappellera que le fait de disposer «...d'un confortable matelas financier en guise de réserves monétaires ne veut rien dire quand en face vous avez un système économique plus proche du bazar que des standards d'orthodoxie en la matière». Du bon usage des fonds souverains, il citera le Qatar qui, par ses choix, ses placements, serait en train de réaliser une OPA sur une partie de l'Europe au moment «où les finances algériennes stockées dans des fonds américains servent à asseoir l'hégémonie sioniste sur le reste du monde, notamment les pays arabes et plus particulièrement la Palestine». Taleb Cherif souhaite une alternance du pouvoir qui se fasse pacifiquement et s'en explique : «En fait si les règles du jeu sont respectées, il n'y a aucune raison que la transition ou sinon l'alternance ne se fasse pas dans la sérénité pour une raison essentielle qui veut que le pays est doté depuis l'intifadha d'octobre 1988 de textes de loi et de mécanismes lesquels, pour peu que ceux qui s'accrochent encore au pouvoir aient l'humilité de se retirer, ne peuvent qu'y concourir et consolider de manière durable.» Le président du Pnsd abordera la question du chômage, un élément de l'inventaire social dont il fera son cheval de bataille durant la campagne, celui-ci considérant «anormal, inquiétant, inique que près de deux millions de jeunes diplômés de l'université algérienne en âge de travailler ne trouvent pas de poste d'emploi», Taleb Cherif ironisant dans la foulée de la présence de «cadres supérieurs de l'Etat qui ne sont même pas titulaires du baccalauréat». Il interprètera les événements qui agitent la wilaya de Ghardaïa comme «...les conséquences d'une gestion hasardeuse des réalités locales dont le soubassement essentiel est d'ordre économique avec sans doute une espèce d'iniquité sociale perçue par une strate qualifiée du titre ‘‘d'Arabes'' par rapport à une autre, connue pour sa pugnacité au travail et ses capacités professionnelles dans le commerce et autres appelée ‘'Mozabites''». Quoiqu'il en soit, Taleb Cherif s'en remet au civisme des citoyens qu'il appelle à la mobilisation pour le prochain scrutin, une mobilisation forcément autour de sa candidature mais également et sans exclusive à l'endroit de tout autre candidat du pôle démocratique. En fin de rencontre, les 12 coordinateurs des wilayas présents à la rencontre se sont vus remettre des formulaires destinés à apporter la preuve des 60 000 souscriptions exigibles par la loi électorale et dont le but est d'obtenir auprès du Conseil constitutionnel la confirmation, voire l'agrément de toute candidature. A. L.