Le roman algérien contemporain fera l'objet d'une journée d'étude, le 3 février prochain à Oran, a annoncé, mardi dernier, le directeur de l'Unité de recherche sur la culture, la communication, les langues, les littératures et les arts (Ucclla). «La rencontre se donne comme objectif d'interroger l'écriture romanesque des années 1990 à nos jours», a précisé à l'APS le professeur Mohamed Daoud, dont l'unité de recherche relève du Centre national de recherche en anthropologie sociale et culturelle (Crasc), basé à Oran. Mohamed Daoud a ajouté que la corporéité constitue le thème central de la journée d'étude qui verra les participants aborder différents axes de réflexion comme «La poétique du corps dans les fictions contemporaines» et «La symbolique du corps féminin dans les narrations actuelles» et sur «Les discours et thèmes sur le corps dans le roman moderne», à savoir «le corps malade, meurtri, blessé, violenté, entre autres formes évoquées dans les écrits romanesques algériens». Ainsi, plusieurs professeurs universitaires participeront à la manifestation scientifique intervenant dans le cadre d'un projet de recherche intitulé «Réception critique du roman contemporain algérien». Dès lors, la question centrale à laquelle cette journée d'étude tentera de répondre est : «Quelles sont les différentes représentations du corps dans le roman algérien contemporain ?». Cette journée d'étude se donne donc comme objectif d'interroger l'écriture romanesque des années 1990 à nos jours sur le thème de la corporéité et de dresser un état des lieux. Parmi les nombreux intervenants, Khaldia Ghariri, de l'Université de Béchar, avec sa conférence intitulée «Corps délictuel mais facteur de promotion dans les romans de Malika Mokeddem»; Badra Cheriet de l'Université d'Oran, abordera la thématique de la «Sémiotique du corps dans le roman Cette amitié de Habib Sayeh». Quand à Leila Driss, de l'Université d'Oran, elle interviendra sur «L'écriture du corps féminin dans les romans d'Amin Zaoui». Lynda Nawel Tebbani, doctorante, Université Sorbonne, présentera une conférence intitulée «Le corps dans les romans de Mourad Djebel : de l'objet érotique au sujet mnésique, le punctum du souvenir». Dans l'argumentaire de cette journée d'étude, il est explicité que même s'il trouve sa place dans le texte, essentiellement dans le texte féminin où il participe à un processus de reconquête de la parole et de la liberté, force est de reconnaître que le rapport de l'écriture algérienne contemporaine au corps reste problématique. En effet, le corps reste toujours assiégé par la morale et vécu comme une plaie et une blessure, en témoignent les écrits de Nina Bouraoui, Meyssa Bey ou encore Malika Mokkedem. Les organisateurs soulignent également à propos de la thématique du corps dans la littérature algérienne que «pour pallier cette absence de l'écriture du corps dans le texte romanesque et combler cette béance thématique, certains auteurs ont carrément choisi de faire dans la violence et la provocation. Nous pensons notamment à Rachid Boudjedra et Amin Zaoui qui excellent dans l'impudicité et les excès langagiers. Sous leur plume, le corps est meurtri et soumis aux pires sévices. Pire encore, il est totalement éjecté du monde du rêve et de l'imaginaire, de ces fantaisies, désirs et autres pulsions du moi qui lui permettent habituellement d'exister et d'être un objet jouissif». S. B.