La situation sécuritaire dans la wilaya de Ghardaïa revient progressivement à la normale après plusieurs jours de confrontation intercommunautaire entre Ibadites et Malékites. De l'avis du wali de Ghardaïa, l'amélioration de l'efficacité sécuritaire dans la région ne peut se faire sans l'engagement et l'implication réelle de l'ensemble du tissu associatif et des acteurs concernés. Le caractère intercommunautaire des événements nécessite donc «l'intervention de la société civile, les sages et les imams, afin de calmer les esprits et lutter contre la violence intercommunautaire qui embrase la région à chaque fois». C'est ce qu'a déclaré M. Mahmoud Djemaa à la presse, à l'issue d'un cycle de rencontres sur la sensibilisation contre les actes de violence dans la région, organisé avec les sages, imams et les représentants des associations de quartiers des communes de Ghardaïa, Berriane et Guerrara, marquées par des échauffourées. La région de Ghardaïa a repris son rythme habituel dans les différents quartiers de la ville où la majorité des commerces ont repris leurs activités, sous la vigilance des services de sécurité renforcés et déployés, à titre préventif, aux points névralgiques de la ville. Le wali a exhorté les partenaires sociaux à trouver des solutions immédiates par la mise en place de passerelles de communication directe avec les jeunes pour éradiquer toutes formes de violence. Par ailleurs, il a tenu à féliciter les membres du tissu associatif, les sages et Imams de la région de Ghardaïa pour leur contribution au retour au calme dans la région. Il est impératif, selon les propos du wali, de «trouver des solutions immédiates pour empêcher d'autres violences», ce qui constitue «une nécessité, mais trouver des remèdes, des idées pour une véritable politique deprévention, est un devoir». Il ajoutera que c'est seulement «dans cette perspective que nous devons travailler avec l'ensemble des partenaires, à travers la mise en œuvre d'actions communes pour impacter de manière positive les jeunes de Ghardaïa». De son côté, le gouvernement enchaîne les efforts pour ramener le calme dans la région. Plusieurs décisions ont été prises pour permettre le retour au calme et à la quiétude, notamment la création, au niveau des communes touchées, d'un conseil de sages, un «espace d'arbitrage et de conciliation» sur la base de la «coexistence harmonieuse et pacifique». Il y a lieu de rappeler la décision de distribuer de manière «équitable et équilibrée» de 30 000 lots de terrain destinés à l'auto-construction, à travers l'ensemble des communes de la wilaya. Le gouvernement a chargé le ministère de la Solidarité nationale d'examiner les différentes aides à apporter aux victimes de ces derniers incidents, notamment ceux dont les demeures ont été touchées. Le wali a expliqué dans ce sens que des brigades composées d'agents de l'Etat, d'experts du contrôle technique de la construction et autres services, en collaboration avec les comités de quartiers et élus locaux, recenseront les véritables sinistrés pour bénéficier d'aide ou d'indemnités. Il faut dire qu'en dépit des efforts du gouvernement, des autorités locales et des sages, la violence entre les deux communautés semblait toujours prendre le dessus, plusieurs mesures ont été prises auparavant pour en finir avec les actes de violences, mais le chaos et les différences ont refait surface. Même les sages et les imams qui contrôlaient la situation auparavant et arrivaient à mettre fin aux échauffourées, n'arrivent plus à jouer ce rôle aujourd'hui. Ceux-ci estiment qu'il est «désolant de vivre les événements de Ghardaïa qui n'ont rien à voir ni avec les traditions et coutumes de la région, et encore moins avec notre religion l'Islam et ses nobles valeurs». Les acteurs sociaux ont été également unanimes à appeler les citoyens de la wilaya de Ghardaïa «à la vigilance, à la tolérance et à la cohabitation dans le respect mutuel». L'inégalité sociale a toujours été un terrain de conflit dans la wilaya, une inégalité en termes de logements et d'emplois selon les deux communautés qui se disent respectivement marginalisées. D'où la nécessité de s'attaquer aux vrais problèmes qui font que les deux communautés se confrontent toujours, il faut revenir sur «l'origine du mal». Jusque-là, il n'a été question que de solutions conjoncturelles de circonstances. D'autant plus que cet aspect semble constituer un ferment pour la manipulation que les pouvoirs publics dénoncent, la considérant comme l'élément qui embrase à chaque fois la région après l'accalmie, en dépit de tous les efforts consentis pour l'apaisement. A. K.