«J'espère que notre réunion sera un instrument de pression sur Israël pour l'arrêt immédiat des attaques.» Cette phrase de l'épouse du Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, qui a pris l'initiative de réunir dans son pays les premières dames de huit pays musulmans, dont elle-même, renseigne sur le degré de déliquescence des Etats arabes par rapport au génocide commis contre les Palestiniens de Ghaza. Le conclave qui s'est déroulé samedi dans un hôtel de luxe à Istanbul pourrait relever de la naïveté de l'initiatrice et des participantes qui pensent pouvoir exercer une pression sur l'Etat sioniste. A moins que celles-ci n'aient voulu juste réagir de quelque façon que ce soit. Car il est clair que la prétention des huit premières dames à vouloir contribuer à l'arrêt des bombardements est démesurée face à la machine de guerre en action depuis plus de deux semaines et à la passivité de la communauté internationale. «L'appel d'Istanbul» ne risque pas d'être entendu au milieu des explosions de bombes sur la bande de Ghaza. La voix de ce «collectif», qui se fait appeler «les femmes pour une paix en Palestine», ne peut porter plus loin que le palace où s'est déroulée la rencontre. Les huit premières dames n'ignorent sûrement pas que leur réunion ne pourra pas avoir un impact sur la détermination de cet Etat hors la loi et de ses alliés à réduire en cendres la bande de Ghaza. En dénonçant l'agression israélienne, ces femmes et fille de dirigeants arabes -il y avait notamment la reine Rania de Jordanie, Asma Al Assad, l'épouse du chef de l'Etat syrien, Aïcha Kadhafi, la fille du dirigeant libyen Maammar Kadhafi, et Wafa Sleimane, l'épouse du président libanais, alors que Suzanne Moubarak n'y a pas pris part– comptaient peut-être accomplir le minimum, ce qu'on pourrait appeler «le degré moindre de la foi». Sinon comment pourraient-elles peser sur un terrain laissé vide par la communauté internationale et, surtout, par les dirigeants arabes ? D'autant plus que le fracas des bombes a réduit au silence ces dirigeants, révélant encore une fois leur collusion avec l'entité sioniste lorsqu'il s'agit d'exterminer le peuple palestinien. Une collusion que semble justifier l'absence de consensus autour de la tenue d'un sommet arabe extraordinaire sur l'agression israélienne. Certains voudraient le voir se greffer au premier sommet économique arabe, qui doit se tenir les 19 et 20 du mois en cours, alors que d'autres s'y refusent, donnant ainsi leur aval à la poursuite du génocide. Y a-t-il quelqu'un pour entendre «l'appel d'Istanbul» ? R. M.