Lors d'un discours très dur contre l'Etat hébreu, M.Erdogan a averti qu' «Israël ne devait pas mettre à l'épreuve la patience de la Turquie». Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan s'en est vivement pris à Israël, hier, pour son opération militaire sanglante contre une flottille d'aide pro-palestinienne, exhortant la communauté internationale à le «punir». «Je condamne de la manière la plus forte ce massacre sanglant» commis par Israël, a-t-il dit au groupe parlementaire du Parti de la justice et développement (AKP, au pouvoir, issu de la mouvance islamiste), demandant que ce pays soit «absolument puni» pour son «opération inhumaine». «Cette attaque insolente et irresponsable, qui piétine toute vertu humaine, doit absolument être punie», a-t-il dit sous les ovations des députés. Lors d'un discours très dur contre l'Etat hébreu, M.Erdogan a averti qu'«Israël ne devait pas mettre à l'épreuve la patience de la Turquie». «L'amitié de la Turquie est précieuse mais son inimitié est d'autant plus violente». Les relations entre la Turquie et Israël, jadis alliés stratégiques depuis la signature d'un accord de coopération militaire en 1996, sont quasiment au point mort après le raid israélien contre la flottille d'aide pro-palestinienne à Ghaza, dont un navire turc. Ankara a dénoncé lundi un acte de «terrorisme d'Etat» et rappelé son ambassadeur en Israël. Selon l'armée israélienne, neuf passagers ont été tués et sept soldats blessés, dont six hospitalisés, lors des violences à bord du ferry turc Mavi Marmara, le plus grand des six bateaux qui transportait 600 personnes. Selon l'ONG turque IHH, la plupart des victimes sont des Turcs. Avant sa pluie de critiques visant l'Etat hébreu, M.Erdogan a tenu une réunion avec le chef des services de renseignements et ses conseillers militaires. M.Erdogan, qui n'a pas mâché ses mots envers l'administration israélienne, l'accusant, notamment de mener une «politique mensongère» et «insolente» et d'être un «abcès ouvert» pour la paix régionale, a appelé la communauté internationale à enquêter sur cet incident. «La Turquie ne lâchera pas prise», a-t-il assuré. Et dans un autre appel international, M.Erdogan qui dirige un gouvernement conservateur, proche traditionnellement de la cause palestinienne, a demandé que l'on dise «non» aux agissements de cet Etat qui «dynamite la paix régionale». Le gouvernement turc a provoqué l'ire d'Israël en tissant d'étroites relations avec le groupe palestinien radical Hamas et en accueillant ses dirigeants à Ankara. Et dans une politique plus générale en renouant dans le cadre d'une diplomatie tous azimuts avec des pays comme l'Iran et la Syrie, en conflit avec l'Etat hébreu. «Il faut pouvoir dire "ça suffit" aux agressions d'Israël», a affirmé le Premier ministre. «Il n'y a plus moyen de fermer les yeux sur les injustices commises par Israël (...) l'administration (israélienne) doit en payer le prix», a aussi dit M.Erdogan, appelant à mots couverts les Etats-Unis à ne pas devenir «complices» des crimes israéliens. De nombreuses manifestations ont été organisées depuis lundi matin à travers la Turquie, pays majoritairement musulman, en particulier à Istanbul et Ankara, devant les représentations diplomatiques israéliennes. Aucun incident majeur n'a été signalé. La presse turque était unanime hier à dénoncer l'assaut israélien, affirmant qu'il avait irréparablement mis en péril les rapports turco-israéliens. Pour le journal d'expression anglaise Turkish Daily News, l'assaut plante «le dernier clou dans le cercueil» de la coopération bilatérale. Le quotidien cite un dirigeant du parti gouvernemental, Hüseyin Celik, qui affirme: «Nos relations avec Israël ne seront plus jamais les mêmes.»