S'il n'est un secret pour personne que l'enlèvement pour la rançon est devenu la source de financement par excellence pour les terroristes, il est utile de rappeler aussi que le mémorandum d'Alger, à travers ses quinze résolutions, constitue de l'avis des spécialistes le moyen le plus efficace pour lutter contre cette pratique. Le mémorandum proposé par l'Algérie, visant l'assèchement des sources de financement du terrorisme, nécessite toutefois qu'il soit traduit dans les législations des pays pour être effectif. Et bien que ses résolutions aient été endossées par les Nations unies, cette question est loin de faire le consensus international, comme en témoignent les récents cas de pays ayant payé des rançons en contrepartie de la récupération de leurs ressortissants enlevés par les terroristes. Lors d'un atelier régional portant sur la «réactivation du Mémorandum d'Alger s'agissant des bonnes pratiques préventives des kidnappings et payements de rançons», les représentants et experts de plusieurs pays concernés par la problématique de la lutte contre le terrorisme, notamment les Etats-Unis d'Amérique, le Canada, la Chine et de nombreux Etats africains et arabes, ont souligné la nécessité de tarir les sources de financement du terrorisme. Placée sous l'égide de l'Union africaine (UA) et du Conseil de sécurité des Nations unies, cette rencontre d'une journée, qui était co-organisée par le Centre africain d'études et de recherche sur le terrorisme (Caert) d'Alger et le Forum mondial de lutte contre le terrorisme, a permis, en outre, de mettre en exergue l'impératif de coopération entre les différentes agences internationales et les Etats en vue de combattre cette pratique, à travers la mise en œuvre des différents mécanismes adoptés jusque-là. Le conseiller à la présidence de la République, Kamel Rezzag Bara, tout en faisant état de l'existence d'«un certain nombre de divergences dans l'approche de certains Etats» sur cette question, a rappelé que «les quinze recommandations du Mémorandum d'Alger ont été endossées par le Conseil de sécurité, dans sa dernière résolution 21/33». M. Rezag Bara, dira ensuite, penser que cet atelier, qui sera suivi par d'autres au niveau africain et ailleurs dans le monde, «permettra justement d'élargir ce consensus et à la communauté internationale de se donner des moyens, plus contraignants, pour prévenir les prises d'otages pour les groupes terroristes et éviter le paiement des rançons qui sont une forme de financement du terrorisme». «L'UA et le Caert travaillent de manière concertée pour s'assurer que les initiatives du Forum mondial de la lutte contre le terrorisme soient mises en œuvre s'agissant des kidnappings, qui sont devenus le modèle de financement le plus fructueux des groupes terroristes, notamment en Afrique et plus précisément dans la région du Sahel», a déclaré, à l'ouverture des travaux de l'atelier, l'ambassadeur Francisco José Madeira, directeur du Caert et représentant spécial du président de la Commission de l'UA pour la coopération anti-terroriste. En appuyant la nécessité d'épuiser complètement la source de financement des terroristes, le directeur du Caert a estimé que «le Mémorandum d'Alger sur l'enlèvement pour les rançons, est le moyen le plus efficace pour le faire». Aussi, devait-il décliner l'objectif du centre qu'il dirige, à savoir celui «d'amener les Etats membres, à mieux comprendre les objectifs de ce mémorandum et de le transformer en législations nationales, dans le sens de combattre et empêcher l'enlèvement pour la rançon». Le directeur du Caert a indiqué, que plus de 35% des cas d'enlèvements commis par les groupes terroristes aux fins de contreparties financières ont été enregistrés dans le continent africain. Il a expliqué le développement des activités de kidnappings en Afrique par plusieurs facteurs, notamment l'absence des infrastructures ainsi que des moyens financiers et humains, la propension élevée de la corruption et de la criminalité, le déséquilibre en matière de distribution des ressources et l'instabilité politique. Et ce, avant de plaider pour la nécessité de mettre en place un arsenal juridique national dissuasif, en plus de l'application de mécanismes internationaux adoptés à cet effet, dont notamment le Mémorandum d'Alger. L'ambassadeur américain à Alger, Henry S. Ensher a, en évoquant les conséquences de ces pratiques sur les pays africains, estimé, pour sa part, à 99% le recul de l'activité touristique dans certaines villes ayant pâti de la réputation de leur «instabilité», avec ce que cela suppose comme retombées négatives sur les perspectives de développement de ces pays. A. R.