Le retour des crédits à la consommation est annoncé pour le deuxième semestre de l'année en cours ou au plus tard début 2015. La question devrait être tranchée durant la prochaine tripartie, dont la date a été fixée au 23 du mois en cours. D'autres détails devraient être discutés lors de cette rencontre, notamment les produits qui seront éligibles à ces crédits ainsi que les moyens de protection des consommateurs des risques de surendettement. Car en dépit de la portée économique de cette mesure pour le tissu industriel du pays, le ministère des Finances prône la prudence en exigeant la mise en place d'une centrale de risques par la Banque d'Algérie avant la réintroduction de ce genre de crédit. Il faut rappeler, dans ce sens, que la Banque d'Algérie avait lancé, il y a quelques mois, un appel d'offres pour la modernisation de la centrale des risques des entreprises et des ménages. Il s'agit, selon les explications des spécialistes, d'une banque de données qui concerne tous les crédits contractés par les ménages et les entreprises, alimentée par les banques et les établissements financiers. Elle a pour rôle principal d'informer ces derniers sur l'état des crédits contractés et les prévenir contre les risques qu'elles encourent dans certaines situations. Donc, cette centrale s'apparente à un véritable instrument pouvant détecter des risques de surendettement. D'autres balises sont également prévues pour mieux réglementer ces crédits et permettre aux produits locaux d'en bénéficier. Il s'agit de la question du taux d'intégration. Certes, pour le groupe de travail chargé de la protection et de la promotion de la production nationale, les produits éligibles au crédit à la consommation sont ceux dont le taux d'intégration est égal ou supérieur à 40%. Mais, il faut dire que c'est une tâche complexe. Selon certains observateurs, il est difficile de définir avec exactitude le taux d'intégration de certains produits fabriqués localement. L'on estime que dans certains secteurs, très prisés par les consommateurs d'ailleurs, le taux d'intégration reste encore faible, ce qui compliquerait la tâche aux pouvoirs publics dans l'élaboration d'une liste d'entreprises éligibles à ce type de crédit. Pour le groupe en charge de la question, «la liste de ces entreprises qui produisent ou assemblent des biens et/ou services destinés à la vente aux particuliers et dont le taux d'intégration quantifiable et appréciable est égal ou supérieur à 40% sera arrêtée par les administrations, institutions et organisations compétentes». Selon la même source, les entreprises bénéficiaires devraient être en règle avec l'administration fiscale et les organisations de sécurité sociale et bancarisées. Pour le montant des crédits accordés le groupe de travail cite l'exemple de la France où le montant du crédit à la consommation représente environ 20 fois le Smig. Le ministre du Commerce précise sur ce point que la valeur des crédits selon les propositions faites par les différentes parties pourrait aller de 300 000 à 700 000 DA. Pour les types de crédit, il s'agit, selon le groupe de travail, du plus classique et le plus courant à savoir le «crédit personnel affecté». «C'est un crédit dont l'octroi est subordonné à l'acquisition d'un bien, auprès d'un vendeur commercialisant des produits issus de la production nationale», explique le document. Le coût du crédit a été également détaillé. Il comprend les intérêts (dont les taux seront librement négociables), les frais bancaires liés au contrat de crédit et la prime d'assurance, alors que la quotité mensuelle de remboursement ne devrait pas excéder 30% du revenu mensuel. En attendant le retour de ces crédits, la véritable question qui s'impose est celle relative à la qualité de la production nationale. Car en dépit du retour de ce genre de crédits, en l'absence de produits de qualité ce mécanisme destiné à booster le produit local ne servira qu'à peser davantage sur les budgets des ménages. Donc, pour une véritable relance de l'industrie nationale, le mieux est de réfléchir à une stratégie à long terme de développement des moyens de productions, de l'innovation, de la compétitivité et de la productivité des entreprises algériennes. S. B.