Il voulait être sous les feux de la rampe, il est bien servi. Amar Saâdani a réussi à se mettre tout le monde à dos. Désormais, et selon les dires de l'ancien ministre de la Justice, Saâdani risque gros. «Quant à vous, Si Amar, je vous conseille amicalement de bien lire l'article 75 du Code pénal avant de vous lancer dans de nouvelles diatribes car, en raison de vos fonctions éminemment influentes à la tête du FLN, vos paroles seraient susceptibles de tomber sous sa qualification», écrit Charfi dans sa contribution publiée par El Watan. Mais l'aveu le plus important qu'a fait l'ancien garde des Sceaux, Mohamed Charfi, est d'avoir révélé que le secrétaire général du FLN lui avait demandé d'épargner Chakib Khelil dans l'affaire Sonatrach 2. «N'est-ce pas, Si Amar, vous qui êtes venus, le jour même de votre installation à la tête du FLN, me ‘‘proposer amicalement de préserver mon poste de ministre de la Justice en m'engageant à extirper M. Chakib Khelil de l'affaire Sonatrach 2 comme on extirpe un cheveu d'une pâte'' (selon votre expression). Ma réponse, vous le savez, fut de fermer mon portable jusqu' après la fête de l'Aïd El Adha, c'est-à-dire bien longtemps après le remaniement ministériel.» Voilà, les dés sont jetés. Pourquoi Amar Saâdani veut-il protéger Chakib Khelil ? A-t-il léché du miel avec lui ? Mieux encore, qui est Saâdani pour conseiller à un ancien ministre d'innocenter Khelil, s'il veut garder son poste ? En fait, la menace déguisée de Saâdani a été exécutée puisque l'ancien ministre de la Justice a perdu son poste quelques temps après. Saâdani qui mène sa guerre pour la séparation des pouvoirs, pour l'indépendance de la justice et pour un Etat civil, menait en parallèle une guerre pour inféoder la justice à ses désirs et réussit à faire limoger un ministre qui a refusé d'interférer dans le fonctionnement de la justice. Saâdani n'a pas voulu protéger un citoyen lambda qui aurait commis un délit mineur, mais un ministre puissant accusé d'avoir trempé dans une affaire de corruption. Les aveux de l'ancien ministre de la Justice, victime de Saâdani, détruisent de facto l'image de démocrate, de défenseur des libertés et des droits de l'Homme que Saâdani a voulu se faire donner et qu'il voulait vendre on ne sait dans quel but. Qui a permis à Saâdani d'avoir un bras aussi long pour faire autant de vagues ? Les réactions contre cet homme se multiplient et ses jours à la tête du FLN sont comptés, alors que sa carrière politique semble être finie. Avant même qu'il occupe le haut du pavé avec ses déclarations, Saâdani était contesté par une partie de la direction du FLN. Oued Souf le renie et les appels à son jugement sont légions. Des structures de base du Vieux parti veulent sa tête et renforcent ainsi ses détracteurs au sein du comité central. A moins que tout cela soit prévu et qu'Amar Saâdani ne soit qu'un bouc émissaire volontaire et conscient de son rôle et de ses conséquences. A. G.