Les réactions aux déclarations fracassantes de Amar Saâdani continuent de tomber et faire bouger la scène politique, à l'approche d'une présidentielle décisive pour l'avenir du pays. Et contre toute attente, c'est l'ancien ministre de la Justice, Mohamed Charfi, connu pour sa droiture et son sens de la justice de réagir aux accusations du SG du FLN contre le DRS et son chef, le général Toufik. Dans une tribune du quotidien El Watan, l'ancien garde des Sceaux ne se contente pas de critiquer les propos du secrétaire général du FLN, il apporte de nouveaux éléments susceptibles d'accabler l'actuel SG du FLN. Il accuse Saâdani de lui avoir demandé d'épargner Chakib Khelil dans l'affaire Sonatrach 2, en déclarant notamment: «N'est-ce pas? Si Amar, vous qui êtes venu, le jour même de votre installation à la tête du FLN, me proposer amicalement de préserver mon poste de ministre de la Justice en m'engageant à extirper M. Chakib Khelil de l'affaire Sonatrach 2 comme on extirpe un cheveu d'une pâte» (selon votre expression). Ma réponse, vous le savez, fut de fermer mon portable jusqu'après la fête de l'Aïd El Adha, c'est-à-dire bien longtemps après le remaniement ministériel.» Tout en répondant à Saâdani, l'ancien ministre de la Justice, remercié en septembre dernier à l'occasion du dernier remaniement ministériel, a rendu un hommage à Bouteflika, en déclarant notamment: «Je n'insinue nullement qu'il était mandaté par quiconque pour me marchander, car je sais pour avoir appris à le connaître que le président Bouteflika ne marchande jamais les prérogatives de ses ministres, en tout cas pas celles que j'ai eu l'honneur d'exercer, lui qui, se référant parfois au général de Gaulle, rappelle que «tout ce qui grouille est grenouille n'a pas de valeur». Ceci d'autant plus que le président de la République avait solennellement et publiquement apporté son soutien à l'action de la justice dans l'affaire Sonatrach 2 en affirmant sa totale confiance en elle», écrit-il. Mieux encore, le ministre se met aux côtés du président Bouteflika contre les retombées de ses déclarations: «Si Amar, Bouteflika n'appartient à personne, à aucun parti, il appartient au peuple qui l'a élu et lui seul a la responsabilité historique de décider de son avenir. Nul ne peut douter de son intelligence et de son patriotisme, et M.Bouteflika saura, lui seul, en son âme et conscience, le moment venu de fixer les paramètres de sa trajectoire future. En me mettant, ici, du côté de M.Bouteflika, contre les effets néfastes de vos sorties, ce n'est pas seulement par devoir de citoyen envers le président de mon pays, mais parce que je suis convaincu qu'une agrégation d'autant de bévues chez un seul homme en un laps de temps si court s'apparente à un forçage de mandat, si mandat il y a. Ceci autoriserait alors de supposer l'existence d'un mobile caché qui dépasse celui du soutien à un autre mandat pour le président et laisse place à toute interrogation quant aux véritables motivations.» Dans cette tribune, Mohamed Charfi est allé même défendre le DRS, en déclarant «Si Amar, cette mise à l'index de nos services spéciaux s'apparente plus à un regret du succès de nos forces armées qu'à un souci de sécurité nationale», écrit-il. Avant de mettre en garde Amar Saâdani contre une nouvelle attaque médiatique: «Quant à vous, Si Amar, je vous conseille amicalement de bien lire l'article 75 du Code pénal avant de vous lancer dans de nouvelles diatribes car, en raison de vos fonctions éminemment influentes à la tête du FLN, vos paroles seraient susceptibles de tomber sous sa qualification.» Enfin, l'ex-ministre de la Justice, prévient Saâdani contre les retombées de cette sortie médiatique sur le plan international et appelle à la raison: «En attendant, l'Algérie est dans l'oeil du cyclone, entourée qu'elle est par tant d'instabilités extérieures qui la menacent par contiguïté et par des tensions internes propres à toute période précédant une élection présidentielle. Cela commande à tous, à tous les niveaux et partout, de faire preuve de sérénité, de préserver notre terre nourricière et de contribuer à instaurer une véritable culture du dialogue.»