Nasser Hannachi Fonctionnant sans ressources financières permanentes, le comité local du Croissant Rouge algérien s'articule autour d'initiatives caritatives pour venir en aide à ceux qui ont besoin. «Nous venons de finaliser le bilan de l'exercice 2013.Tout y est mentionné. Il en ressort que les ressources de financement sont maigres.» Puisant dans les fonds des mécènes, le Croissant Rouge algérien à Constantine s'adonne à une activité à plein temps pour apporter aide aux personnes nécessiteuses. En l'absence d'un budget régulier, cet organisme altruiste s'accroche et maintient sa noble œuvre pour être à l'écoute des familles en détresse. Une cinquantaine de fonctionnaires et plus de 80 bénévoles, femmes et hommes, répondent aux alertes actionnées à longueur d'année. En moyenne, chaque mois une quinzaine de personnes dans le besoin franchissent la porte du comité local du CRA, espérant trouver une main tendue. «Il y a une véritable mobilisation des troupes : point d'hésitation quand il s'agit de secourir des êtres humains. Toute l'équipe veille sur son travail sans épargner aucun effort et en faisant preuve de dévouement afin de rendre un sourire fut-il éphémère à la personne affectée. C'est cela, l'action humanitaire sinon on ferait autre chose», soulignent Mme Hazourli Wahiba et M. Ayadh Bouhali, respectivement vice- présidente et chargé de la communication auprès de cet organisme. Pour cet hiver, le signal de la solidarité monte d'un cran, puisque des bénévoles au nombre de dix et des agents de la direction sociale s'associent pour nourrir chaque semaine une centaine d'individus. Et des ressortissants africains en situation catastrophique ne sont pas en marge de cette générosité symbolique. Habitués à se rendre dans des restaurants préalablement autorisés, les SDF sont désormais nourris sur place. «On s'est fixé cet objectif en collaboration avec l'action sociale de la wilaya (DAS), la Protection civile et une équipe médicale dans le cadre du programme du ministère de la Solidarité. Deux rondes nocturnes sont effectuées chaque semaine : repas chaud, eau minérale et, parfois, un dessert destiné aux enfants sont servis aux personnes en situation de grande détresse», nous diront nos deux interlocuteurs. Une autre mobilisation caractérise quelques supérettes de la wilaya. Des chariots frappés du sceau CRA jouxtent les étals attendant un dépôt généreux. «Cette opération s'est avérée bénéfique pour les ressources du CRA. La collecte est cependant maximale surtout durant le mois sacré du Ramadhan. À cet effet, nous remercions les propriétaires des drugstores qui nous autorisent un tel investissement.» En parallèle, la direction est en phase d'apurer les listes relatives aux nécessiteux. Les trois cent personnes recensées, dont des veuves, des divorcées, des handicapées, seront incessamment munies chacune d'une carte leur ouvrant droit à une couverture alimentaire, selon la disponibilité. «Un tel fichier, qui est en voie de finalisation, permet une bonne gestion des données et chaque personne démunie aura son couffin sans perturbation», soutient Mme Hazourli, qui mène ses dernières retouches à travers ses sorties sur le terrain avec la commission compétente. «Nous demeurons tributaires des bienfaiteurs pour honorer nos engagements envers les pauvres», lâche M Ayadh, précisant qu'au-delà de ses dons, la trésorerie demeure frêle. «Seule l'Assemblée de wilaya nous épaule lors du Ramadhan, 570 millions de centimes en 2013. Les deux quêtes des mosquées (1,7 milliard de dinars) nous permettent également de respirer et d'élargir la distribution des aides. Pour le reste, le comité local du CRA salue les généreux donateurs et quelques entreprises locales», a-t-il affirmé. Et qu'en est-il des services communaux de Constantine ? Le comité local n'a pas bénéficié d'un rond depuis pratiquement sept années (2007), révèle notre même source, et ce malgré les multiples procédures relatives au dossier de subvention exigé en bonne et du forme. «Contrairement à la municipalité du Khroub qui reste fidèle à sa tradition de nous assister selon ses moyens de bords», ajoutera le chargé de la communication. «Le hic, lorsque les ayants droit ne sont pas pris en charge par les services communaux, faute de moyen en couverture, ils sont systématiquement orientés vers le CRA qui, il faut le préciser ne renvoie aucune âme bredouille», renchérit encore M. Ayadh, avant d'ajouter : «Une aide humanitaire est en éveil à longueur d'année et ne se limite guère à des occasions.» En parallèle, le CRA englobe d'autres activités, dont des espaces de soins et de formation, sans omettre ses deux jardins d'enfants. «Nous avons mis en place une école de broderie et couture pour les sourdes- muettes à la vieille ville. Elle est régie par une directrice sourde-muette en présence d'une collaboratrice intermédiaire. Par là, nous projetons de faire sortir cette catégorie de jeunes filles de leur isolement et de les faire bénéficier d'un métier. Le Croissant-Rouge dégage une petite bourse mensuelle pour le transport (600 DA à 800 DA). Jusque-là, ladite école enregistre quatre inscrites. Nous tablons sur beaucoup de stagiaires.» Sur un autre chapitre, les responsables envisagent d'innover. «Le Croissant Rouge algérien représente l'Algérie généreuse. Dès lors, est-il nécessaire de lui donner une image forte et expressive. À commencer par réaménager son quartier général afin que les personnes nécessiteuses trouvent un accueil convenable. En aucun cas ce centre humanitaire ne doit refléter un aspect ''miséreux''», souligneront nos interlocuteurs, qui espèrent voir un jour sortir de terre «un siège de haute facture du moment que l'on a bénéficié d'une assiette à la nouvelle ville Ali-Mendjeli». N. H.