Génocide à huis clos à Ghaza ; les journalistes n'ont pas accès aux zones de massacres circonscrites par les militaires et les politiques sionistes. C'est voulu et c'est prémédité. Israël ne veut pas de journalistes encombrants dans un conflit qu'il projette de mener loin de l'opinion publique internationale. Y réussit-il ? Pas tout à fait. Ce faisant, les Israéliens, et c'est tranché, ne veulent pas que se reproduise ce qui s'était pas passé au Liban, en 2006. A l'époque, ils avaient perdu la bataille des médias. Au plan militaire, ils avaient également essuyé une défaite cuisante. Au Liban-Sud, tout a été mis à nu, les armes qu'ils utilisaient, les scénarios qu'ils fomentaient, le nombre de soldats qu'ils perdaient au quotidien. Une réalité qui avait beaucoup pesé sur les rapports entre le parti au pouvoir et l'opposition israélienne. La rue grondait et c'est ce qui avait, entre autres, précipité l'arrêt des hostilités, face à un Hezbollah soudé, au plus fort de la résistance. La stratégie qu'ils ont adoptée pour la bande de Ghaza tient en fait en deux éléments : réduire au maximum le périmètre dans lequel les journalistes peuvent se mouvoir et intervenir sur les plateaux de certaines chaînes de télévision satellitaire taxées d'hostiles aux sionistes. Des militaires, des journalistes, parlant arabe à la perfection, interviennent ainsi sur ces chaînes pour faire valoir le point de vue des agresseurs, avançant des arguments insensés, absurdes. Le tout est emballé dans un langage à l'emporte-pièce, genre le Hamas continue de tirer des missiles sur des villes israéliennes ou encore l'offensive israélienne a porté un coup dur à la résistance. C'est un discours haineux, redondant, à la sémiologie fade. Les Israéliens chargés le temps d'une guerre d'apporter la contradiction au monde entier défendent en fait le point de vue de leurs chefs, à l'approche d'une échéance électorale. Et c'est à celui qui fera couler le plus de sang palestinien. Tout le monde l'a compris, les sionistes ont un seul objectif, faire perdurer une guerre aussi absurde contre des Ghazaouis sans défense, en tuer le maximum, faire capituler la résistance, faire comprendre au monde arabe que l'Etat hébreux est fort, qu'il est capable de faire taire qui il veut et quand il veut. Et cette projection expansionniste trouve écoute dans beaucoup de médias occidentaux qui se font les porte-voix d'un pays dirigé par des guerriers, soutenus ouvertement par des Américains, à la recherche d'un Moyen-Orient malléable. A longueur de colonnes de beaucoup de journaux occidentaux, la logique guerrière des Israéliens prime, l'objectivité s'efface, l'opinion de l'autre reléguée, au pire ignorée. A l'unisson, des éditorialistes donnent raison à Israël, avec en prime un argument fallacieux : c'est une intervention défensive. Que d'irréalisme. Pareillement pour les grandes chaînes de télévision. L'information en images et en continu met en brillance «l'exploit» des Israéliens et passe sous silence ce dont souffre Ghaza. La guerre cathodique fait ainsi subjectivement éruption dans un conflit qui semble s'étirer dans le temps. Y. S.