Les Libyens se sont modestement mobilisés jeudi pour élire une soixantaine de représentants composant l'Assemblée qui a pour mission de rédiger une Constitution pour le pays. Le scrutin a été même émaillé d'incidents dans l'est et le sud du pays. Contrairement aux premières élections de l'après Kadhafi en juillet 2012, les Libyens ne se sont pas déplacés en masse vers les bureaux de vote. Seuls 1,1 million d'électeurs se sont inscrits pour ce scrutin, moins d'un tiers du total des électeurs potentiels. Plusieurs incidents ont empêché des régions entières de participer au scrutin, signe que le pays demeure toujours fragile et l'avenir incertain. Les résultats du scrutin qui devraient être annoncés dans «trois à quatre jours», porteront finalement sur seulement 47 sièges sur 60. Selon la Commission des élections, en raison des violences les électeurs dans le sud et à Derna dans l'est n'ont pas pu donner leurs voix à onze candidats qui représentent leurs régions. Les Amazighs, qui devaient disposer de deux sièges dans la future Constituante, ont clairement boycotté le scrutin pour protester contre «l'absence de mécanismes garantissant leurs droits culturels» dans la future Constitution. Une défiance qui annonce des lendemains compliqués pour la transition en Libye. L'Assemblée ne devrait donc compter que 58 membres, au lieu de 60 prévus, dont six sièges réservés aux minorités (Toubou, Amazigh et Touareg), et six autres aux femmes. Une situation qui devrait compliquer le processus engagé. Certains s'interrogent déjà sur la crédibilité de la Constituante en rapport au faible taux de participation des Libyens. Ces derniers sont déjà très déçus du Congrès général national (CGN), la plus haute autorité politique et législative issue des élections de 2012, qui a échoué à rétablir l'ordre dans un pays en pleine anarchie. Ainsi le peu d'engouement populaire traduit clairement un désenchantement de la population face à une situation de faillite de l'Etat incapable a minima de réduire le poids des milices. Le recul sensible du taux de participation risque surtout d'entacher la crédibilité de la Constituante dans un pays qui n'arrive décidemment pas à trouver un début de consensus national sur une transition politique à moindre frais. La situation politique de la Libye nouvelle ne donne toujours pas de signes d'évolution dans un sens encourageant. La décision du CGN, dont le mandat devait normalement expirer le 7 février, de prolonger son mandat, a suscité l'irritation d'une partie des Libyens et des milices qui y ont vu une tentation autoritaire. La déliquescence politique dans cet immense pays d'Afrique du Nord semble généralisée. Les rumeurs de coups d'Etat se multiplient. Des membres du CGN se sont engagés à tenir des élections anticipées. Mais aucune date n'a été annoncée pour la tenue de ce scrutin. La Libye est toujours à la recherche du difficile consensus. M. B./Agences