Les ex-rebelles libyens exigent la dissolution du CGN (Parlement) Depuis fin janvier, le CGN (Parlement) fait face à un mouvement de contestation en raison de sa décision controversée de prolonger son mandat, qui devait initialement s'achever le 7 février. Le coup de force d'ex-rebelles libyens exigeant la dissolution du Parlement accentue la pression sur les autorités de transition, à la veille de l'élection d'une Constituante censée remettre de l'ordre dans le pays en proie à l'anarchie depuis le renversement de Mouamar El Gueddafi. Des groupes armés libyens avaient donné mardi soir au Congrès général national (CGN, Parlement), la plus haute autorité politique du pays, cinq heures pour quitter le pouvoir, avant d'annoncer plus tard, qu'ils prolongeaient leur ultimatum de 72 heures. Un «compromis» avait été en effet trouvé plus tard avec ces ex-rebelles des puissantes brigades d'Al-Qaaqaa et Al-Sawaek, originaires de Zenten (ouest), selon le Premier ministre libyen Ali Zeidan qui n'a pas fourni de précisions sur la nature du compromis. Depuis fin janvier, le CGN fait face à un mouvement de contestation en raison de sa décision controversée de prolonger son mandat, qui devait initialement s'achever le 7 février. Le Congrès a finalement annoncé dimanche un accord entre ses blocs politiques pour des élections anticipées, en vue de désigner de nouvelles autorités de transition et lui remettre le pouvoir, en attendant la Constitution. Le CGN n'a toutefois pas fixé de date pour le scrutin et n'arrive pas à trouver un consensus sur la nature des élections: parlementaires ou parlementaires et présidentielle à la fois. Un des chefs des ex-rebelles à l'origine de l'ultimatum, Jamal Habil, a accusé mardi soir le CGN d'avoir «confisqué le pouvoir» et de manoeuvrer pour le garder le plus longtemps possible. Ce coup de force, qui illustre la faiblesse du pouvoir central, a été rejeté par plusieurs milices, partis politiques et organisations civiles, qui ont souligné leur appui à la «légitimité du Congrès». Il intervient à la veille d'un scrutin crucial pour élire une soixantaine de personnalités chargées de rédiger la Constitution. La future Constitution, qui devra être approuvée par référendum, doit trancher sur des questions importantes comme la structure du pouvoir, le statut des minorités et la place de la chari'â. La minorité des Amazighs qui devait disposer de deux sièges dans la Constituante, ont encore confirmé hier qu'ils boycotteraient le scrutin pour protester contre l'absence de mécanismes garantissant leurs droits culturels. L'Assemblée ne comptera donc que 58 membres, au lieu de 60. Dénonçant leur «exclusion», le Conseil supérieur des Amazighs de la Libye, a décrété ce jeudi «journée noire et de deuil dans les régions» amazighes, en particulier dans l'ouest du pays. Dans un communiqué publié hier, le Conseil a affirmé que les Amazighs ne reconnaîtront pas la future Constitution. Au total, 692 candidats sont inscrits pour ces élections, dont 73 femmes, selon les dernières statistiques de la Haute commission électorale (Hnec). Des observateurs internationaux ont exprimé leur inquiétude quant à la capacité des autorités de transition de sécuriser ces élections. Après la chute du régime de Mouamar El Gueddafi en octobre 2011, et avec lui de tout le système sécuritaire de l'Etat, les nouvelles autorités ont vite perdu le contrôle sur les ex-rebelles qui avaient combattu le régime El Gueddafi et sont toujours incapables de rétablir l'ordre dans le pays. Des responsables et observateurs libyens estiment que la prolifération d'armes aux mains des milices et de la population, a créé un équilibre des forces sur le terrain, aucune milice ou groupe politique ne pouvant prendre le pouvoir par la force. Même l'armée n'est pas en mesure d'engager une épreuve de force. Plusieurs milices, comme celles d'Al-Qaaqaa et Al-Sawek ont en effet intégré les ministères de la Défense et de l'Intérieur, mais elles manquent de discipline et obéissent en premier lieu à leurs chefs et à leur ville ou tribu.