Devant la passivité des autorités en place, gouvernement et Parlement, les milices armées continuent d'imposer leur diktat en exigeant, désormais, la dissolution pure et simple du Congrès général national, au lendemain du compromis arraché au Premier ministre Ali Zeidan. La faiblesse des nouvelles autorités libyennes a été mise à nue par le coup de force des ex-rebelles exigeant la dissolution du Parlement. Cela accentue la pression sur les autorités de transition, à la veille de l'élection d'une Assemblée Constituante censée mettre de l'ordre dans le pays en proie à l'anarchie depuis le renversement de Mouammar Kadhafi. Les ex-rebelles des puissantes brigades d'Al-Qaaqaa et Al-Sawaek, originaires de Zenten, avaient donné mardi au Congrès général national (CGN), la plus haute autorité politique du pays, cinq heures pour quitter le pouvoir, avant d'annoncer plus tard, qu'ils prolongeaient leur ultimatum de 72 heures. Le Premier ministre libyen Ali Zeidan a annoncé qu'un "compromis" avait été en effet trouvé plus tard avec ces milices, sans toutefois fournir de précisions sur la nature du compromis. Un des chefs des ex-rebelles à l'origine de l'ultimatum, Jamal Habil, avait accusé mardi soir le CGN d'avoir "confisqué le pouvoir" et de manœuvrer pour le garder le plus longtemps possible. Ce coup de force, qui illustre la faiblesse du pouvoir central, a été rejeté par plusieurs milices, partis politiques et organisations civiles, qui ont souligné leur appui à la "légitimité du Congrès". Il intervient à la veille d'un scrutin crucial pour élire une soixantaine de personnalités chargées de rédiger la future Constitution. Celle-ci, qui devra être approuvée par référendum, doit trancher sur des questions importantes comme la structure du pouvoir, le statut des minorités et la place de la charia. Pour rappel, le CGN fait face, depuis fin janvier, à un mouvement de contestation en raison de sa décision controversée de prolonger son mandat, qui devait initialement s'achever le 7 février. Le Congrès a finalement annoncé, dimanche, un accord entre ses blocs politiques pour des élections anticipées, en vue de désigner de nouvelles autorités de transition et lui remettre le pouvoir, en attendant la Constitution. Le CGN n'a toutefois pas fixé de date pour le scrutin et n'arrive pas à trouver un consensus sur la nature des élections : parlementaires ou parlementaires et présidentielle à la fois. Par ailleurs, la minorité des Amazighs, qui devait disposer de deux sièges dans la constituante, ont encore confirmé hier qu'ils boycotteraient le scrutin pour protester contre l'absence de mécanismes garantissant leurs droits culturels. L'Assemblée ne comptera donc que 58 membres, au lieu de 60. Dénonçant leur "exclusion", le Conseil supérieur des Amazighs de la Libye, a décrété jeudi "journée noire et de deuil dans les régions" amazighes, en particulier dans l'ouest du pays. Dans un communiqué publié hier, le Conseil a affirmé que les Amazighs ne reconnaîtront pas la future Constitution. Au total, 692 candidats sont inscrits pour ces élections, dont 73 femmes, selon les dernières statistiques de la Haute commission électorale (Hnec). Ceci étant, des observateurs internationaux ont exprimé leur inquiétude quant à la capacité des autorités de transition de sécuriser ces élections. M T Nom Adresse email